Une si longue lettre de Mariama Bâ
D’élève excellente,
Mariama Bâ est devenue une brillante romancière. Nous pouvons affirmer sans
crainte de nous tromper et sans chauvinisme[1]
aucun qu’au-delà de son statut de pionnière de la littérature féminine
sénégalaise, elle est aussi un des mastodontes de la littérature
africaine. L’aura et le succès de son
premier opus littéraire ont poussé les techniciens de l'éducation au Sénégal à inscrire Une si longue lettre au programme des
élèves de Troisième. Il nous plaît ici d’apporter notre modeste contribution pour
une meilleure compréhension de ladite œuvre.
I-
LA
BIOBIBLIOGRAPHIE DE MARIAMA BA
De prime abord,
signalons que la fille de l’ancien ministre de la santé du Sénégal[2]
est née à Dakar un jour d’avril 1929. Cette lionne de la prose sénégalaise et
africaine a perdu sa mère à un âge très tendre. Recueillie et encadrée par sa
grand-mère maternelle, elle sera formatée dans les mœurs anciennes et les
traditions musulmanes. Elle fréquentera l’école élémentaire de l’avenue Albert
Sarraut[3] où elle décroche avec brio en 1943 son
certificat d’études primaires. Major de sa promotion à l’école normale de
Rufisque, elle y sortit après quatre années de formation avec un diplôme
d’institutrice. Par la suite, elle quittera les classes pour intégrer
l’inspection régionale de Dakar.
Mère de neuf bouts de bois de Dieu[4],
la présidente de la FAFS (Fédération des Associations féminines du Sénégal) a
été mariée à trois reprises : d’abord à Bassirou Ndiaye (avec qui elle a
eu trois filles), ensuite à Ablaye Ndiaye (une seule fille) et enfin à Obèye
Diop (cinq enfants). Son divorce d’avec son troisième époux la pousse à
apporter sa pierre à l’émancipation de la femme africaine à travers des
organisations féminines comme Soroptimist, Zonta, Club de Dakar, etc.
Cette formidable
plume du fait de sa trajectoire de vie à la Alfred de Musset (en ce sens
qu’elle n’a vécu qu’une cinquantaine d’années) n’a eu à produire que deux
romans ; un de son vivant en 1979, à savoir Une si longue lettre (récompensé par le Prix Noma) et un autre
posthume, Un Chant écarlate, en 1981
(date de sa mort dans la nuit du 17 Août).
II-
LA
COMPOSITION ET LE RESUME DE S.L.L.[5]
Une
si longue lettre relate
les joies et les déceptions d’une femme sénégalaise du nom de Ramatoulaye.
Confinée dans la retraite du veuvage et usant du prétexte de la lettre, elle
ressasse ses souvenirs de couple et partant ceux de sa meilleure amie Aïssatou.
La forme épistolaire opère certes des retours en arrière mais ne s’épargne pas
l’analyse du vécu présent d’une famille, d’une nation voire d’un continent.
L’art de la
romancière a donné jour à une œuvre composée de 27 chapitres. Toujours dans la quête du sens du roman, nous avons
pris la liberté de titrer les différentes subdivisions de ce livre. C’est ainsi
que nous avons successivement :
Ø
Le
chapitre I intitulé Une mort
brutale : il s’agit du décès de Modou Fall qui en surprend plus d’un
(sa collègue de travail, son ami et sa femme) ;
Ø
Le
chapitre II (ou Les première et deuxième
journées des funérailles) voit
la villa « Faaléen » refuser du monde. Des connaissances venues de
partout affluent pour rendre hommage au défunt ;
Ø
Le
chapitre III (ou La prolongation des
funérailles) concerne les
troisième (surtout), huitième et quarantième jours de deuil faits de prières et
souhaits pour le repos de l’âme du mort. Pour les Musulmans, elle se
matérialise par des récitals de Coran mais ici elle perd son cachet solennel à
cause de la ripaille, de l’exhibitionnisme, du babillage et de la légèreté des
femmes ;
Ø
Le
chapitre IV ou La deuxième mort de
Modou Fall : celle-ci affleure
avec le rituel du Miraas[6].
Cette pratique islamique dévoile l’ampleur du reniement et de la trahison du
défunt vis-à-vis de sa première famille consacrant ainsi sa déchéance ;
Ø
Le
chapitre V (ou Méditations autour de
la souffrance) prouve à souhait
l’esprit de dépassement de Ramatoulaye. Malgré sa peine, elle la relativise en
focalisant sur la douleur à l’échelle panhumaine ;
Ø
Le
chapitre VI (ou Un amour en
gestation) retrace les premiers
moments des amours de Modou Fall et de Ramatoulaye ;
Ø
Le
chapitre VII (ou Une africaine
émancipée) constitue un hymne à l’école et à la
directrice blanche dudit établissement qui ont fait de l’héroïne une femme
libre et libérée des pesanteurs sociales ;
Ø
Le
chapitre VIII (ou Supputations
autour d’un mariage et de l’éducation) :
celles-ci concernent l’union entre un noble et une roturière, les exclus de l’école
occidentale et, le désintérêt pour les métiers manuels ;
Ø
Le
chapitre IX (ou Des couples heureux) relate les instants de plaisir et
de détente que s’offraient les jeunes mariés Modou-Ramatoulaye d’une
part et, d’autre part Mawdo-Aïssatou ;
Ø
Le
chapitre X (ou A la croisée des
chemins) : nos principaux
personnages sont partagés entre tradition et modernité, entre syndicalisme et
politique, entre colonialisme et indépendance, entre parti unique et
multipartisme ;
Ø
Le
chapitre XI (ou Une mère revancharde) montre comment Tante Nabou
concocte sa vengeance contre l’usurpatrice Aïssatou;
Ø
Le
chapitre XII (ou Une décision
courageuse) met en exergue une
femme digne qui armée de sa seule foi, décide de poursuivre seule son chemin
sans son « premier amour »[7],
sans le père de ses enfants ;
Ø
Le
chapitre XIII ou (Une nouvelle
renversante) : l’information
selon laquelle Modou est devenue polygame laisse Ramatoulaye sans voix ;
la nouvelle amie de Daba l’évince du cœur de son époux ;
Ø
Le
chapitre XIV (ou Un choix
controversé) : contre les
avis de Farmata, de sa fille aînée Daba et de ses autres enfants,
l’institutrice accepte le fait de la polygamie ;
Ø
Le
chapitre XV (ou Une rivale
disqualifiée) : au régistre
des comparaisons, Binetou ne fait pas le poids. Sous la plume de Ramatoulaye,
la petite Nabou lui est préférée comme seconde épouse (n’en déplaise à
Aïssatou) et son couple bat en retraite face à l’harmonie du duo Abdou-Daba ;
Ø
Le
chapitre XVI (ou Une womanist [8]) : l’amie d’Aïssatou assume son
état de femme abandonnée. Elle vainc ses peurs, ses complexes et remplit avec
sérieux sa nouvelle fonction de responsable de famille ;
Ø
Le
chapitre XVII (ou Le diagnostic d’un
mariage) montre une héroïne qui appose un œil critique sur sa vie de
couple, qui essaie de comprendre le pourquoi et le comment de sa rupture d’avec
son époux ;
Ø
Le
chapitre XVIII (ou Un prétendant éconduit)
met à jour les visées conquérantes de Tamsir. Dès après la cérémonie du
quarantième jour, il veut faire revivre le lévirat[9].
Ce que n’accepte pas Ramatoulaye qui lui envoie une véritable volée de bois
vert ;
Ø
Le
chapitre XIX (ou Premier et deuxième
jours de reconquête) met face à face un éternel amoureux (Daouda Dieng) et
une veuve désirée qui substitue habilement l’échange amoureux à la discussion
politique ;
Ø
Le
chapitre XX (ou Troisième jour de
reconquête) permet à l’homme aux « dents
sans espacement »[10]
de signifier à la belle-sœur de
Tamsir qu’il aimerait bien faire d’elle, à la fin de son veuvage, sa deuxième
épouse ;
Ø
Le
chapitre XXI (ou Conquêtes et
reconquêtes) : ici, le député ne conquiert pas le cœur de l’héroïne
mais celui de sa griote Farmata ; à sa suite, défile une multitude de
conquérants sous les yeux de la veuve. Dans ce sillage, Daba reconquiert la
villa SICAP et Binetou sa liberté ;
Ø
Le
chapitre XXII (ou Les soucis d’une
mère esseulée) décrit la profession de mère célibataire qu’expérimente
désormais Ramatoulaye avec tous les tracas de la vie quotidienne ;
Ø
Le
chapitre XXIII (ou Interrogations
d’une éducatrice) confronte Ramatoulaye aux écarts de conduite de certaines
de ses filles. Se pose alors pour elle la question lancinante d’une
réadaptation de l’éducation qu’elle leur a donnée ;
Ø
Le
chapitre XXIV (ou Les soucis d’une
veuve) s’inscrit dans la même logique que les chapitres 22 et 23. De
nouveaux maux atteignent ses enfants : un bras cassé par-ci, une grossesse
par-là ;
Ø
Le
chapitre XXV (ou Un gendre presque
parfait) lève le voile sur l’auteur de la grossesse de la petite Aïssatou
qui réussit son examen de passage devant sa future belle-mère ;
Ø
Le
chapitre XXVI (ou Des glaces brisées) :
Ibrahima Sall fait la cour à sa future belle-famille en toute décontraction et
sa belle-mère se débarrasse de sa pudeur
pour aborder l’éducation sexuelle avec son trio ;
Ø
Le
chapitre XXVII (ou Méditations et
projections) condense les dernières pensées de la narratrice. Malgré ses
nombreux déboires et déconvenues, elle termine sa longue correspondance sur une
note optimiste.
III-
L’ETUDE
DES PERSONNAGES
La
galerie des personnages dans S.L.L.
laisse apparaître un certain foisonnement. La très longue lettre n’échappe pas à l’éternelle division classique. Notre
roman fait voir :
§
Quatre personnages principaux :
o
Ramatoulaye est l’héroïne et la narratrice de
la S.L.L. C’est l’amie d’enfance d’Aïssatou et la première épouse de Modou
Fall. Génitrice de douze enfants, elle fait montre d’émancipation en préférant « l’homme à l’éternel complet kaki »[11]
au médecin, le mariage simple à des noces princières, la solitude de la veuve
au lévirat ou encore au confort d’un second hymen[12].
o
Aïssatou est la première destinataire de la
S.L.L. Elle n’est pas seulement l’amie intime de Ramatoulaye mais aussi son âme
sœur voire son alter égo[13].
Institutrice comme Ramatoulaye puis interprète, elle se différencie cependant
de son amie en ce sens qu’elle prend l’initiative de la rupture et du divorce
d’avec son mari.
o
Modou Fall : c’est l’amour de jeunesse de
Ramatoulaye et son époux pendant trente ans (vingt-cinq ans de vie commune et
cinq ans d’abandon du domicile conjugal). Bon père et bon syndicaliste, il sera
atteint par le démon de midi qui lui fait oublier femme, enfants et
prescriptions religieuses ;
o
Mawdo Ba reste l’ami de Modou Fall et de
la famille de ce dernier. Médecin de profession consciencieux, il plie sous le
chantage émotionnel de sa mère qui lui enjoint de prendre comme seconde épouse
sa cousine brisant ainsi son premier ménage ;
§
Des personnages secondaires :
o
Daba est la fille aînée de Ramatoulaye
et l’ancienne « meilleure
amie »[14]
de Binetou. Elle est aussi l’épouse d’Abdou avec qui elle est sur la même
longueur d’onde ;
o
Abdou est le conjoint de Daba. C’est
l’incarnation de l’homme moderne tel que le souhaitent les féministes[15] ;
o
Binetou est la seconde épouse de Modou
Fall. Amie et compagne d’études de Daba, elle ne résistera pas à la cour
assidue du géniteur de cette dernière. Sa beauté juvénile bouleverse la vie de
Modou Fall et celle de la famille Fall et, partant son amitié avec Daba ;
o
Dame Belle-mère est présentée comme une assoiffée
de vie et de promotion sociale. Naguère délaissée par son époux et vivant dans
le dénuement, elle se positionne comme la principale arriviste[16]
du roman. Elle contraint sa fille à sacrifier son amitié avec Daba. Ce faisant,
elle est le détonateur du mariage forcé, du mariage précoce voire du mariage
d’intérêt.
o
Tante Nabou: devenue veuve très tôt, elle
éleva seule ses trois orphelins. Imbue de sa lignée royale et princière, elle
brûle de haine pour sa brue Aïssatou qu’elle accuse d’un double vol :
celui de son seul homme et celui d’avoir terni son sang de noble. En imposant
un second mariage à son aîné, elle fait voler en éclats le couple de ce dernier
et assouvit par ce faire sa vengeance ;
o
La petite Nabou comme le souhaite son homonyme
est son « autre moi-même »[17].
Elle symbolise la femme telle que la conçoit la grande Nabou car elle est bien
née et a été éduquée dans les vertus et croyances du Sine[18].
Sa fonction de sage-femme ne la pousse pas à jouer la femme émancipée ou la
femme phallique[19].
§
Des personnages épisodiques :
o
Les
autres enfants du couple Modou-Ramatoulaye : Mawdo Fall (brillant élève
victime du racisme d’un coopérant blanc) ; Aïssatou (homonyme de l’amie de
sa mère, épaule et second bras droit de sa génitrice dans les moments de
souffrance, elle tombe enceinte du fait des œuvres d’Ibrahima Sall) ; le
trio Arame, Dieynaba et Yacine (studieuses et émancipées, elles taquinent la
cigarette) ; les jumelles Awa et Amy qui se ressemblent comme deux gouttes
d’eau ; le duo Malick et Alioune (deux passionnés de football) ; les
petits derniers Oumar et Ousmane ;
o
Farmata
la griote est experte en divination. Amie et confidente de Ramatoulaye, elle
rate souvent les grandes décisions de celle-ci ;
o
La
griote de la famille Fall qui joue un rôle de maîtresse de cérémonie lors
de la cérémonie de funérailles du troisième jour ;
o
La
belle-famille de Ramatoulaye (le père de Modou Fall, sa mère vantarde et très
m’as-tu-vuiste, ses sœurs oisives et envieuses de Ramatoulaye) ;
o
Tamsir,
le frère de Modou Fall qui, malgré ses trois épouses ambitionne de faire
revivre le lévirat avec Ramatoulaye ;
o
L’Imam
du quartier de Tamsir ;
o
Les
trois épouses de Tamsir ;
o
Les
quatre garçons du couple Mawdo-Aïssatou ;
o
Les
deux sœurs de Mawdo bien mariées ;
o
La
belle-famille de Mawdo Ba ;
o
Farba
Diouf le frère de Tante Nabou qui habite à Diakhao[20] ;
o
Ibrahima
Sall ou « le jeune premier
séducteur »[21]
est étudiant en droit à l’Université[22].
Il ne fuit pas devant ses responsabilités lorsque la petite Aïssatou tombe
enceinte
o
Daouda
Dieng médecin et député à l’Assemblée nationale est le symbole de la nouvelle
bourgeoisie sénégalaise et du bon parti pour la mère de Ramatoulaye. Adepte du « tout ou rien »[23],
il voit à deux reprises son « premier
amour »[24]
lui filer entre les doigts.
IV-
LA
CONFIGURATION SPATIO-TEMPORELLE
Nous nous
intéresserons d’abord au temps avant de nous pencher sur l’espace. Quand on
aborde l’étude du temps dans un roman, il convient de distinguer le temps de l’histoire du temps de la narration. Primo, l’histoire
de Modou Fall et de Ramatoulaye s’étend sur des dizaines d’années. Entre le
moment de leur première rencontre à l’Ecole normale William Ponty de Sébikotane
(chapitre six) et leur ménage de trente ans, on est dans la fourchette trente
et quarante ans. Il s’y ajoute que le temps de l’histoire, c’est avant tout l’itinéraire
de Ramatoulaye. Celle-ci englobe toutes les périodes de la vie de l’héroïne. Le
roman porte de lourdes traces référant à :
-
son
enfance : « Nous [Ramatoulaye
et Aïssatou], nous avons usé pagnes et
sandales sur le même chemin caillouteux de l’école coranique. Nous avons
enfoui, dans les mêmes trous, nos dents de lait, en implorant Fée-Souris de
nous les restituer plus belles. »[25]
-
sa
découverte de l’amour : « Quand
nous [Modou Fall et Ramatoulaye]
dansions, ton front déjà dégarni à cette époque [celle des études à
Ponty-Ville] se penchait sur le mien. Le
même sourire heureux éclairait nos visages. La pression de ta main devenait
plus tendre, plus possessive. Tout en moi acquiesçait et nos relations durèrent
à travers années scolaires et vacances, fortifiées en moi par la découverte de
ton intelligence fine, de ta sensibilité enveloppante, de ta serviabilité, de
ton ambition qui n’admettait point la médiocrité. »[26]
-
son
mariage : « Notre mariage [celui
de Modou Fall et de Ramatoulaye] se fit
sans dot, sans faste, sous les regards désapprobateurs de mon père, devant
l’indignation douloureuse de ma mère frustrée, sous les sarcasmes de mes sœurs
surprises, dans notre ville muette d’étonnement. »[27]
N’oublions
cependant pas de noter que le temps de l’histoire réfère à la fois au Sénégal
colonial et au Sénégal post-indépendant. D’après la narratrice, sa cuvée est
celle qui a vécu sous le magistère aussi bien des maîtres blancs que ceux noirs :
« Privilège de
notre génération, charnière entre deux périodes historiques, l’une de
domination, l’autre d’indépendance. Nous étions restés jeunes et efficaces, car
nous assistions à l’éclosion d’une République, à la naissance d’un hymne et à
l’implantation d’un drapeau. »[28]
Secundo, le temps
de la narration met en pôle-position le personnage-écrivant voire la narratrice
« je » et sa pratique scripturaire[29].
Dans S.L.L., la narratrice
Ramatoulaye prouve à travers deux points stratégiques du texte que le temps de
la rédaction de la «si longue
lettre » est le temps du veuvage. Ce moment de tristesse, de douleur
et de prières est perçue par la mère de Mawdo Fall comme une période de « réclusion »[30],
d’enfermement ou d’emprisonnement. La femme n’est plus libre de ses mouvements.
Donc quoi de mieux que l’écriture pour faire dans la sublimation[31],
pour oublier le malheur, la déception, l’humiliation et la double pénible
situation [l’état de veuf et le veuvage] ? C’est ce que nous confirment
les premières lignes de l’incipit[32] : « J’ [Ramatoulaye] ai reçu ton mot [celui d’Aïssatou]. En guise de réponse, j’ouvre ce cahier,
point d’appui dans mon désarroi : notre longue pratique m’a enseigné que
la confidence noie la douleur. »[33]
Quant à l’excipit[34],
l’autre point stratégique du texte, elle met un terme au temps de la narration.
La fin du veuvage impacte sur le travail d’écriture. C’est pour Ramatoulaye un
argument solide pour mettre un terme à son activité épistolaire. Cela est
tellement vrai que la destinataire de la «si
longue lettre » sera présente devant elle, en chair et en os,
exactement le lendemain de la fin de sa claustration. La confidence par voie
épistolaire va céder la place aux effusions, aux épanchements les yeux dans les
yeux. L’illustration parfaite d’un tel état de faits se trouve au début du
chapitre vingt-sept :
« A
demain, mon amie [Aïssatou].
Nous
aurons donc du temps à nous, Aïssatou, d’autant plus que j’ai obtenu la prolongation de mon congé de
veuvage.
Je
[Ramatoulaye] réfléchis. Cette tournure de mon esprit ne
te surprend guère … Je ne pourrai m’empêcher de me livrer à toi. Autant me
résumer ici. »[35]
Après
la configuration temporelle, l’on peut se pencher sur celle spatiale.
L’approche de l’espace dans S.L.L. met
en relief principalement un milieu urbain à savoir Dakar, capitale de la
République du Sénégal et un autre rural (Diakhao[36]).
A côté de l’agglomération dakaroise, d’autres de moindre envergure sont mentionnées :
le prétexte du retour au pays natal de Tante Nabou nous permet de les décliner.
C’est ainsi qu’on apprend que « la
route de Rufisque »[37]
se subdivise en Nationale I et en Nationale II. La première mène vers Mbour et
Kaolack (capitale du Sine-Saloum[38])
alors que la deuxième va vers Thiès, Tivaouane (« berceau du Tidianisme[39] »[40])
et Saint-Louis[41].
En
ce qui concerne la capitale sénégalaise, l’on nous dévoile sa « banlieue[42]
marine »[43]
(avec des sites comme Ouakam, Yoff ou Ngor) et ses quartiers comme la Médina,
Grand-Dakar ou les SICAP[44].
Dans cette métropole ouest-africaine, certains endroits ont attiré notre
attention : le milieu hospitalier et celui de la plage.
Les
structures de santé sont hétérogènes car on nous cite plusieurs endroits comme l’hôpital
Aristide Le Dantec, l’hôpital psychiatrique de Thiaroye, le Repos Mandel
(actuel Centre Hospitalier Abass Ndao) et le cabinet médical de Daouda
Dieng. Ce sont des milieux de la vie
(les naissances), de la mort et de la maladie. A l’exception de la boîte de Daouda
Dieng, ils baignent dans la pénurie et le dénuement (« manque de personnel, d’instruments adéquats, de médicaments »).
Quant
à la plage, c’est le milieu comme on dit du plein air. C’est un espace de
liberté où on se sent libre et libéré. Elle diffère du milieu urbain dans la
mesure où on y respire l’oxygène à plein nez. Certes, c’est la zone de
prédilection des pêcheurs mais elle est envahie lors des jours de fête. L’ambiance
et l’atmosphère aidant, les cœurs sont facilement en fête. Sous ce rapport, l’endroit
a des vertus thérapeutiques[45]. C’est
ce qu’explicite si bien le passage suivant :
« L’air marin nous
incitait à la bonne humeur. Le plaisir que nous goûtions et qui fêtait tous nos
sens, enivrait sainement, aussi bien le riche que le pauvre. Notre communion,
avec la nature profonde, insondable et illimitée, désintoxiquait notre âme. Le découragement
et la tristesse s’en allaient, soudainement remplacés par des sentiments de
plénitude et d’épanouissement. »[46]
V-
LES
THEMES DANS PHEDRE
L’étude thématique permet
toujours de mieux appréhender le fond d’une œuvre littéraire. Une si longue lettre de Mariama Bâ
n’échappe pas à la règle. C’est un roman qui offre une panoplie de thèmes qui
pour la plupart permettent de mieux comprendre la société sénégalaise. Nous
allons essayer d’en élucider certains :



C’est
le moment redouté de toute Sénégalaise, celui en vue duquel […] elle s’ampute
de sa personnalité, de sa dignité, devenant une chose au service de l’homme qui
l’épouse, du grand-père, de la grand-mère, du père, de la mère, du frère, de la
sœur, de l’oncle, de la tante, des cousins, des cousines, des amis de cet homme.[56]
Le veuvage est surtout pour
l’intellectuelle Ramatoulaye un moment d’écriture. La mère de Daba profite de
son embrigadement pour écrire à son amie Aïssatou. Pour elle, écrire revient à
ressasser le film de sa vie, histoire d’évacuer la souffrance (« J’ai en moi assez de souvenirs à
ruminer. Et ce sont eux que je crains car ils ont le goût de l’amertume. »)[57]

-
l’assistance : « Le foulard qui les [les
cheveux] protégeait, en se déplaçant, découvrait l’enduit de mixture de racines
que nous y versions, car nous avions recours à tout pour arracher cette sœur
[Jacqueline] à son univers infernal. »[59] ;
-
la
bonne information : « Elles
[des amies] indiquaient, avec véhémence, des marabouts à la science sûre qui
avaient fait leurs preuves, ramenant l’époux à son foyer ; éloignant la
femme perverse. »[60] ;
-
le
respect mutuel : « Et au grand
étonnement de ma famille, désapprouvée unanimement par mes enfants influencés
par Daba, je choisis de rester. […] Toi, mon amie, prévenue, tu ne fis rien
pour me dissuader, respectueuse de mon nouveau choix de vie. »[61]

Rien
n’est jamais acquis à l’homme, ni sa force
Ni
sa faiblesse, ni son cœur, […]
Et
quand il veut serrer son bonheur il le broie
Sa
vie est un étrange et douloureux divorce
Il
n’y a pas d’amour heureux[62]
Les ressorts de la passion
amoureuse dans S.L.L. sont la
proximité (Mawdo Bâ et Aïssatou ; Modou Fall-Binetou), les fêtes scolaires
(Modou Fall et Ramatoulaye), la célébration d’un anniversaire (Aïssatou et
l’étudiant Ibrahima Sall). Ses manifestations sont le coup de foudre
(Ramatoulaye), la cour assidue (Modou Fall, Ibrahima Sall, Mawdo Bâ et Daouda
Dieng) et les sorties ou excursions (les banlieues marines et Sangalkam). Dans S.L.L., la conséquence immédiate de la
passion amoureuse est le mariage ou le projet de mariage.





-
l’autarcie
(« Ma maison est une banlieue de
Diakhao. »[69]) ;
-
l’arrivisme (« Mais tes jeunes frères [ceux d’Aïssatou] ? Leurs pas ont
été dirigés vers l’école des Blancs »[70]) ;
-
l’absence
d’humanisme (« Ah ! pour certains,
l’honneur et le chagrin d’une bijoutière sont moindres que l’honneur et le
chagrin d’une Guélewar. »[71]



-
promotion
sociale : « Ils [les livres] te
[Aïssatou] permirent de te hisser. Ce que la société te refusait, ils te
l’accordèrent : des examens passés avec succès te menèrent toi aussi, en
France. L’Ecole d’Interprétariat, d’où tu sortis, permit ta nomination à l’Ambassade
du Sénégal aux Etats-Unis. Tu gagnes largement ta vie. »[79] ;
-
intermédiaire :
« Instrument unique de relation et
de culture, moyen inégalé de donner et de recevoir. Les livres soudent des
générations au même labeur continu qui fait progresser. »[80]

-
le
bijoutier est présent à travers le père d’Aïssatou. Son portrait apologétique
est le fait de Mawdo Bâ. Le gendre dresse de son beau-père un portrait
élogieux. C’est quelqu’un qui sait manier à perfection le métal aurifère. C’est
un homme exceptionnel en ce sens qu’il commerce avec les Djins[81] ;
-
l’enseignant
dont l’avocate n’est personne d’autre que la narratrice-héroïne. En effet,
Ramatoulaye met en relief le métier d’enseignant. Pour elle, ce dernier est un
travailleur de l’ombre (« exploits
quotidiens jamais chantés, jamais décorés »[82]).
Il est marqué par sa modestie (« humbles
institutrices d’humbles écoles de quartiers »[83]),
son endurance (« Armée toujours en
marche, toujours vigilante »[84]),
son honnêteté (« Comme nous servions
avec foi notre métier et comme nous nous dépensions pour l’honorer. »[85]),
son caractère pointilleux (« Le
nôtre, comme celui du médecin, n’admet pas l’erreur. »[86]).
Il se définit comme un formateur et comme un missionnaire (« Debout, dans nos classes surchargées, […] pour la régression de
l’ignorance. »[87]) ;
-
la
ménagère est hissée sur un piédestal par Ramatoulaye. Elle lui rend hommage à
travers deux pages (123-124). D’après elle, tenir une maison interpelle la
fibre artistique. Cette adresse est requise pour la bonne tenue de la demeure.
Cela nécessite beaucoup de travail mais aussi de l’imagination. Ce n’est pas un
métier dans la mesure où on ne s’attend pas à un salaire mais la satisfaction
de la ménagère réside dans le travail bien fait.



-
hommes
féministes comme Abdou (« Daba, les
travaux ménagers ne l’accablent pas. Son mari cuit le riz aussi bien qu’elle
[…] »[93])
ou Daouda Dieng qui affirme : « Il
faut inciter la femme à s’intéresser davantage au sort de son pays. »[94] ;
-
femmes
féministes comme Aïssatou qui prend l’initiative du divorce d’avec son époux,
Ramatoulaye (« […] je ne suis pas un
objet que l’on se passe de main en main […] »[95]
balance-t-elle à Tamsir) et Daba qui s’interroge ainsi à propos du
mariage : « […] si l’un des
conjoints ne trouve plus son compte dans cette union, pourquoi devrait-il
rester ? »[96]
Les actes féministes dans S.L.L. sont le fait des trois femmes
citées ci-dessus. Ces dernières montrent dans leurs manières de penser et
d’agir une volonté de se libérer des pesanteurs sociales. Elles sont
décomplexées et n’ont pas peur d’exprimer leurs idées et leur personnalité. Leur
conviction féministe se traduit par :
-
la
prise de parole publique avec Ramatoulaye : « Je regarde Tamsir droit dans les yeux. Je regarde Mawd6. Je
regarde l’Imam. Je serre mon châle noir. J’égrène mon chapelet. Cette fois, je
parlerai. »[97] ;
-
l’activisme
public avec Daba qui choisit de militer dans une organisation de la société
civile plutôt que d’adhérer dans un parti politique. Dans ce sens, elle
remarque : « […] dans un
parti politique, il est rare que la femme est la percée facile. […] Je préfère
mon association où il n’y a ni rivalité, ni clivage, ni calomnie, ni bousculade
[…] »[98] ;
-
l’affranchissement
des tabous[99] :
Ramatoulaye se définit comme une femme moderne. C’est pourquoi elle se fait
violence en abordant les questions sexuelles avec ses filles. Tout le monde
sait que beaucoup de parents éprouvent de la gêne à en parler avec leurs
enfants. Parce qu’elle est une intellectuelle et une féministe, elle s’essaie à
l’éducation sexuelle de ses filles.
Par ailleurs, l’héroïne de S.L.L. affirme de vive voix que « l’égoïsme mâle » est un
frein au féminisme. Pour sa fille Daba, l’essor du féminisme est entravé par la
femme elle-même. C’est ce que traduit si bien son interrogation : « Comment une femme peut-elle saper le
bonheur d’une autre femme ? »[100]
VI-
LE
STYLE DE S.L.L.
Le style d’un
écrivain, c’est sa manière particulière d’écrire, ce qui constitue la marque
spécifique et originale de son écriture. C’est ce qui le distingue des autres
écrivains, ce qui à première vue, attire le regard et accroche le lecteur
averti voire le liseur ou bien le professionnel de littérature. Il coule de
source qu’à la déclinaison du titre du premier roman de Mariama Bâ, l’on se
rend compte qu’on est en pleine relation épistolaire. Il demeure aussi évident
que cette relation s’inscrit dans une narration de grande envergure.
Premièrement, la si longue lettre a ses caractéristiques
propres qui sont celles que l’on retrouve dans pratiquement toutes les lettres.
Ce sont surtout :
-
la
mention de la destinataire au début du roman : Aïssatou ;
-
la
mention de l’émettrice à la fin du roman : Ramatoulaye ;
-
une
entrée en matière : « J’ai reçu
ton mot. En guise de réponse, j’ouvre ce cahier, point d’appui dans mon
désarroi […] »[101] ;
-
une
clausule[102] :
« Le mot bonheur recouvre bien
quelque chose, n’est-ce pas ? J’irai à sa recherche. Tant pis pour moi, si
j’ai encore à t’écrire une si longue lettre… »[103]
Si
l’on s’intéresse à la typologie des lettres dans S.L.L., on en relève deux types :
-
d’une
part, il y a l’unique et longue lettre écrite par Ramatoulaye et consignée dans
un cahier avant que d’être un roman ;
-
d’autre
part, dans les méandres dudit cahier ou roman, on remarque de courtes lettres
comme celles d’Aïssatou (une adressée à son époux Mawdo Bâ et d’autres à
Ramatoulaye) et celle de Ramatoulaye à
Daouda Dieng.
En ce qui concerne les fonctions
de l’écriture épistolaire, on peut citer successivement :
-
la
fonction thérapeutique est celle qui guérit et soigne l’épistolière à savoir
Ramatoulaye. Celle-ci est confrontée au désespoir et à la tristesse d’avoir
perdu son mari Modou Fall. Elle oublie à travers l’écriture de la longue lettre son malheur. La relation
épistolaire lui fait ignorer pour un temps son état de veuve. Elle lui offre
une plage de paix dans la prison du veuvage : « […] notre longue pratique m’a enseigné que la confidence
[écrite] noie la douleur. »[104] ;
-
la
fonction testimoniale[105]
est celle qui fait de l’instance narrative un témoin oculaire des faits
racontés. La mère de Daba est une spectatrice avertie de la vie de son propre
couple, de celle d’autres couples qu’on trouve à foison dans le roman et de
celle de la nation sénégalaise passant d’une période coloniale à l’époque des
indépendances. Deux passages explicites du roman confirment cet état de fait.
D’abord, nous avons à la page cinq du roman Ramatoulaye qui écrit :
« Aïssatou, mon amie, je
t’ennuie, peut-être, à te relater ce que tu sais déjà.
Je n’ai jamais autant observé,
parce que n’ayant jamais été autant concernée. »
Ensuite,
nous notons à la page cinquante ces lignes amplement illustratives de cette deuxième fonction :
« Privilège de notre
génération, charnière entre deux périodes historiques, l’une de domination,
l’autre d’indépendance. Nous étions restés jeunes et efficaces, car nous
assistions à l’éclosion d’une République, à la naissance d’un hymne et à
l’implantation d’un drapeau. » ;
-
la
fonction lyrique[106]
ne peut ne pas être présente quand on parle de malheur, de souffrance, mais
aussi de joie et de bonheur. Une telle fonction cherche à mettre à nu les états
d’âme des différents protagonistes. Il s’agit de découvrir dans toute leur
amplitude la diversité des sentiments et des sensations qui anime les
personnages. C’est ce que l’on remarque avec Ramatoulaye à la mort de Modou
Fall :
« Où me coucher ? Le
bel âge a ses exigences de dignité. Je m’accroche à mon chapelet. Je l’égrène
avec ardeur en demeurant debout sur des jambes molles. Mes reins battent la
cadence de l’enfantement. »[107] ;
-
la
fonction informative renvoie à l’information donnée. Il s’agit pour l’émettrice
de mettre au courant d’une décision, d’un fait ou d’une situation le ou la
destinataire de la lettre. C’est ce que fait Ramatoulaye avec Aïssatou tout le
long du roman, Aïssatou avec Mawdo Bâ à travers une lettre de rupture (pages
62-63) et Ramatoulaye avec Daouda Dieng à qui est notifié le refus de convoler
en secondes noces (pages 132-133) ;
-
la
fonction satirique est celle qui pousse la narratrice à critiquer les défauts
et les tares qui existent dans la société. Elle s’attaque aussi aux mauvais
comportements des êtres humains et à leurs imperfections. Dans ce sens, notre
narratrice n’use pas de la langue de bois. C’est dans cette optique par exemple
qu’elle émet des jugements sévères contre certaines pratiques :
« Le soir, vient la phase la
plus déroutante de cette cérémonie du troisième jour. […] Chaque groupe exhibe
sa participation aux frais. Jadis, cette aide se donnait en nature […]
Aujourd’hui, elle s’exprime ostensiblement en billets de banque et personne ne
veut donner moins que l’autre. […] Et je pense encore : combien de morts
auraient pu survivre si, avant d’organiser leurs funérailles en festin, le
parent ou l’ami avait acheté l’ordonnance salvatrice ou payé
l’hospitalisation. »[108]
-
la
fonction engagée est celle qui pousse l’épistolière à prendre parti dans les
combats de l’heure, de son époque et de sa société. Il est question pour notre
instance narrative de prendre fait et cause pour la femme, de chercher à la
revaloriser, à l’émanciper et à la mettre en relief. C’est ce qui explique le
féminisme débordant de l’œuvre perceptible à travers cette interrogation de
Ramatoulaye : « Quand la
société éduquée arrivera-t-elle à se déterminer non en fonction du sexe, mais
des critères de valeur ? »[109]
Après
cette tentative d’analyse de la veine épistolaire, il serait bien à-propos de
se pencher sur la dimension narrative de S.L.L.
Ce roman est un texte narratif qui entremêle
discours et récit. Les marques du
discours sont visibles à travers :
-
l’omniprésence
de la première personne du singulier (« Je ») :
c’est le locuteur qui imprime sa marque à la narration. Il en est l’alpha et
l’oméga ; il en détient les tenants et les aboutissants. C’est pourquoi
l’expéditrice de la « longue
lettre » mentionne :
« Les murs qui délimitent
mon horizon pendant quatre mois et dix jours. Les dix jours ne me gênent guère.
J’ai en moi assez de souvenirs à ruminer. Et ce sont eux que je crains car ils
ont le goût de l’amertume.
Puisse leur invocation ne rien
souiller de l’état de pureté absolue où je dois évoluer. »[110]
-
les
mentions répétitives de la deuxième personne du singulier qui renvoie à l’allocutaire
de la lettre. C’est l’élément récepteur de la longue lettre. L’expéditrice l’interpelle à tout-va au fil de la
narration traduisant ainsi leur amitié, leur intimité et leur familiarité. C’est
ce que l’on peut deviner à travers les nombreux tutoiements (« Aïssatou, mon amie, je t’ennuie,
peut-être, à te relater ce que tu sais déjà. »[111]
ou bien des passages explicitant le face-à-face épistolaire :
« Je sais que je te secoue,
que je remue un couteau dans une plaie à peine cicatrisée ; mais que
veux-tu, je ne peux m’empêcher de me resouvenir dans cette solitude et cette
réclusion forcées. »[112]
-
un
système de conjugaison axé surtout sur le présent simple et le passé composé :
« Amie, amie, amie ! Je t’appelle
trois fois. Hier, tu as divorcé. Aujourd’hui, je suis veuve. »[113]
La
valeur du présent de l’indicatif est l’actualité des faits racontés et celle du
passé composé traduit un passé récent.
Quant aux
marques du récit, c’est principalement :
-
le
système de la non-personne c’est-à-dire le recours à la troisième personne (du singulier
ou du pluriel) :
« Le troisième jour, mêmes
allées et venues d’amis, de parents, de pauvres, d’inconnus. Le nom du défunt,
populaire, a mobilisé une foule bourdonnante, accueillie dans ma maison dépouillée
de tout ce qui peut être détériorée. Des nattes de tous genres s’étalent partout
où elles trouvent place. Des chaises en fer, louées pour la circonstance,
bleuissent au soleil. »[114]
-
les
temps verbaux que sont le passé simple et l’imparfait de l’indicatif : l’un
est à valeur non-durative alors que l’autre est à valeur durative. Le premier
dénote la brièveté des actions dans le passé alors que l’autre souligne la
durée des actions passées. Ce deuxième temps intervient dans les portraits et
descriptions de paysage :
« Mais surtout, tu [Modou
Fall] savais être tendre. Tu savais deviner toute pensée, tout désir… Tu savais
beaucoup de choses indéfinissables qui t’auréolaient et scellèrent nos
relations. »[115]
Quand on
parle de récit, on comprend souvent histoire. Le roman S.L.L. est une compilation d’histoires. L’on nous relate les récits
de vie de Ramatoulaye, de son amie Aïssatou, de Binetou, de la petite Aïssatou…
VII-
LES
BEAUX PASSAGES DU ROMAN
N’oublions pas que
l’auteur de ce roman est l’une des plus belles plumes de la littérature
africaine. Déjà élève elle excellait dans ses productions écrites avec
lesquelles elle récoltait de très bonnes notes. Ce n’est donc pas une surprise pour
ses lecteurs et pour nous que son œuvre regorge de passages profonds et
sublimes qui nous rappellent les maîtres
de la prose française. Dans un choix arbitraire, nous en avons ciblé
quelques-uns (sept exactement) que nous proposons comme textes à exploiter sous
le prisme du texte suivi de questions.

Tu te souviens
de ce train matinal qui nous emmena pour
la première fois à Ponty-Ville, cité des normaliens dans Sébikotane.
Ponty-Ville, c’est la campagne encore verte de la douche des dernières pluies,
une Fête de la jeunesse en pleine nature, des mélodies des banjos dans
des dortoirs transformés en pistes de danse, des causeries le long des
allées de géraniums ou sous les manguiers touffus.
Modou
Fall, à l’instant où tu t’inclinas devant moi pour m’inviter à danser, je sus
que tu étais celui que j’attendais. Grand et athlétiquement bâti, certes. Teint
ambré dû à ta lointaine appartenance mauresque, certes aussi. Virilité et finesse des traits
harmonieusement conjuguées, certes encore. Mais surtout, tu savais être tendre. Tu savais deviner toute pensée,
tout désir… Tu savais beaucoup de choses indéfinissables qui
t’auréolaient et scellèrent nos relations.
PAGE 29.
Questions
1- Dans quelle mesure le titre « Découvertes » se
justifie-t-il pour ce texte ?
2- Subdivisez le texte et trouvez un
titre pour chaque subdivision.
3- Que signifie le mot
« auréolaient » ? Trouvez sa racine et définissez-la.
4- Quels sont les antonymes des mots
en gras ?
5- Trouvez les synonymes des mots
soulignés en pointillés.
6- Donnez la nature et la fonction
des termes soulignés.
7- Conjuguez l’avant-dernière phrase
du texte aux autres temps simples de l’indicatif.
8- Faites l’analyse logique de la
dernière phrase du texte.
9- Reprenez le portrait moral de
Modou Fall en veillant surtout à ne pas utiliser les mots du texte. (5 phrases maximum)
10- Décrivez le coin de votre maison,
de votre quartier, de votre ville ou de votre pays qui vous plaît le plus. (5 phrases maximum)

Notre école, revoyons-la
ensemble, verte, rose, bleue, jaune, véritable arc-en-ciel : verte, bleue, et jaune, couleurs des fleurs qui
envahissaient la cour ; rose : couleur des dortoirs aux lits
impeccablement dressés. Notre école, entendons vibrer ses murs de notre fougue à l’étude. Revivons la griserie de son atmosphère, les
nuits, alors que retentissait pleine d’espérance, la chanson du soir, notre
prière commune. Le recrutement qui se faisait par voie de concours à
l’échelle de l’ancienne Afrique Occidentale Française, démantelée aujourd’hui
en Républiques autonomes, permettait un brassage fructueux d’intelligences,
de caractères, des mœurs et coutumes différents. Rien n’y distinguait,
si ce n’étaient des traits spécifiquement raciaux, la fon du Dahomey et la
malinké de Guinée. Des amitiés s’y nouaient, qui ont résisté au temps et à
l’éloignement. Nous étions de véritables sœurs destinées à la même mission
émancipatrice.
Nous sortir de l’enlisement des traditions, superstitions et mœurs ;
nous faire apprécier de multiples civilisations sans reniement
de la nôtre ; élever notre vision du monde, cultiver notre personnalité,
renforcer nos qualités, mater nos défauts ; faire fructifier en nous les
valeurs de la morale universelle ; voilà la tâche que s’était assignée
l’admirable directrice. Le mot « aimer » avait une résonance
particulière en elle. Elle nous aima sans paternalisme, avec nos tresses
debout ou pliées, avec nos camisoles, nos pagnes. Elle sut découvrir et
apprécier nos qualités.
PAGES
33-34.
Questions
1- Le titre « Hymne à notre école » convient-il à ce texte ? Si
oui, relevez les termes qui montrent que la narratrice est entrain de chanter
son école. Si non, proposez un titre plus pertinent et justifiez-le.
2- Dans quelle mesure cette école
illustre-t-elle le panafricanisme ?
3- Trouvez deux mots de la même
famille que « émancipatrice » et utilisez-les chacun dans une phrase.
4- Décomposez le terme écrit en gras
dans le texte. Utilisez le premier et le dernier mot de ce terme chacun dans
deux phrases avec des sens différents.
5- Trouvez les synonymes des mots
soulignés en pointillés.
6- Donnez la nature et la fonction
des mots et expressions soulignés.
7- Dans les trois premières phrases
du texte, nous avons trois verbes conjugués utilisés avec le même mode :
déclinez le nom du mode et dites sa valeur.
8- « Elle sut découvrir et
apprécier nos qualités » : donnez l’infinitif du verbe conjugué dans
cette phrase et reprenez la même phrase en utilisant les autres temps simples
de l’indicatif.
9- Faites l’analyse logique des
cinquième et sixième phrases du texte.
10- Décrivez la beauté ou la dégradation
de votre établissement. (5 phrases
maximum)

Le
soir, les pêcheurs revenaient de leur randonnée laborieuse. Ils avaient échappé, une fois de plus, au piège
mouvant de la mer. De simples lignes noires à l’horizon, les barques devenaient
plus distinctes, les unes des autres, au fur et à mesure de leur approche.
Elles dansaient dans les creux des vagues, puis se laissaient paresseusement
drainer. Des pêcheurs descendaient gaiement voile et matériel. Tandis que
d’autres rassemblaient leur moisson frétillante,
certains essoraient leurs habits trempés en les tordant et épongeaient leurs fronts.
Sous
les yeux émerveillés des bambins, les poissons vivants sautillaient, tandis que
s’incurvaient les longs serpents de mer. Rien n’est plus beau qu’un poisson à
la sortie de l’eau, avec son œil clair et frais, ses écailles dorées ou
argentées et ses beaux reflets bleutés !
Des
mains triaient, groupaient, divisaient. Pour la maison, nous faisions
d’intéressantes provisions.
L’air
marin nous incitait à la bonne humeur. Le plaisir que nous goûtions et qui
fêtait tous nos sens, enivrait
sainement, aussi bien le riche que le pauvre. Notre communion,
avec la nature profonde, insondable et illimitée, désintoxiquait nôtre âme. Le découragement et la tristesse s’en
allaient, soudainement remplacés par des
sentiments de plénitude et d’épanouissement.
Revigorés,
nous reprenions le chemin de nos foyers. Comme nous avions le secret des
bonheurs simples, cures bienfaisantes dans la
tourmente des jours !
PAGES 45-46.
Questions
1-
Trouvez
un titre à ce texte et justifiez-le.
2-
Subdivisez
le texte et donnez un titre à chaque subdivision.
3-
Cherchez
deux champs lexicaux présents dans ce texte et illustrez-les.
4-
Pour
chaque mot écrit en gras, trouvez deux mots de la même famille et utilisez vos
trouvailles dans des phrases de votre construction.
5-
« Elles dansaient dans les creux des
vagues » : expliquez cette proposition.
6-
Expliquez
les mots et expressions soulignés avec des pointillés.
7-
Donnez
la nature et la fonction des mots et expressions soulignés.
8-
« Le
plaisir que nous goûtions et qui fêtait tous nos sens, enivrait sainement,
aussi bien le riche que le pauvre. » : analysez cette phrase.
9-
« Pour
la maison, nous faisions d’intéressantes provisions. » Reconstruisez cette
phrase en mettant le verbe aux autres temps composés de l’indicatif.
10-
Produisez
un paragraphe argumentatif pour défendre l’importance de la mer dans la vie des
populations.

Chaque
métier, intellectuel ou manuel, mérite considération, qu’il requière un pénible
effort physique ou de la dextérité, des connaissances étendues ou une patience
de fourmi. Le nôtre, comme celui du médecin, n’admet pas l’erreur. On ne badine
pas avec la vie, et la vie, c’est à la fois le corps et l’esprit. Déformer
une âme est aussi sacrilège qu’un assassinat. Les enseignants ̶ ceux du cours
maternel autant que ceux des universités forment une armée noble aux
exploits quotidiens, jamais chantés, jamais décorés. Armée toujours en marche, toujours vigilante.
Armée sans tambour, sans uniforme rutilant. Cette armée-là, déjouant pièges et
embûches, plante partout le drapeau du savoir et de la vertu.
Comme
nous aimions ce sacerdoce, humbles institutrices d’humbles écoles de quartier. Comme
nous servions avec foi notre métier et comme nous nous dépensions pour
l’honorer. Nous avions appris ̶ comme tout apprenti ̶ à bien le pratiquer dans
cette école annexe, situés à quelques mètres de la nôtre, où des institutrices
chevronnées enseignaient aux novices que nous étions à concrétiser, dans les
leçons données, nos connaissances de psychologie et pédagogie… Nous
stimulions le déferlement de vagues enfantines qui emportaient dans leurs plis
un peu de notre être.
PAGES 47-48.
Questions
1- Le titre « Apologie de l’enseignant » vous paraît-il approprié
pour ce texte ? Si oui, justifiez votre réponse. Si non, proposez un autre
plus pertinent et défendez-le.
2- Déclinez les deux corps de métier
auxquels sont comparés les enseignants.
3- Citez une ou deux phrase(s) du
texte qui montre(nt) exactement que la narratrice se positionne comme l’avocate
des enseignants ?
4- Dans le processus de l’éducation,
quels sont les deux mots du texte qui renvoient exactement, l’un à
l’instruction et l’autre au savoir-être.
5- Illustrez le champ lexical de
l’école avec au moins huit mots ou expressions.
6- Trouvez le nom de la même famille
que l’adjectif qualificatif « humbles » (« humbles
institutrices ») et utilisez-le dans une phrase.
7- Trouvez deux homonymes du mot
« foi » (« Comme nous servions avec foi notre métier ») et
utilisez-les dans des phrases de votre composition.
8- Donnez la nature et la fonction
des termes soulignés.
9- Faites l’analyse logique de
l’avant-dernière phrase du texte.
10- Expliquez dans un paragraphe la
phrase suivante : « Déformer une âme est aussi sacrilège qu’un
assassinat ».

Mawdo,
Les
princes dominent leurs sentiments, pour honorer leurs devoirs.
« Les autres » courbent leur nuque et acceptent en silence un sort qui les brime.
Voilà,
schématiquement, le règlement intérieur de notre société avec ses clivages
insensés. Je ne m’y soumettrai
point. Au bonheur qui fut nôtre, je ne peux substituer celui que tu me proposes aujourd’hui. Tu veux dissocier l’Amour tout court et l’amour
physique. Je te rétorque que la communion charnelle ne peut être sans
l’acceptation du cœur, si minime soit-elle.
Si tu
peux procréer sans aimer, rien que pour assouvir l’orgueil d’une
mère déclinante, je te trouve vil.
Dès lors, tu dégringoles de l’échelon
supérieur, de la respectabilité où je t’ai toujours hissé. Ton raisonnement
qui scinde est inadmissible : d’un côté, moi, « ta vie, ton amour,
ton choix », de l’autre « la petite Nabou, à supporter par
devoir. »
Mawdo,
l’homme est un : grandeur et animalité confondues. Aucun geste de sa part n’est de pur idéal. Aucun geste
de sa part n’est de pure bestialité.
Je me
dépouille de ton amour, de ton nom. Vêtue
du seul habit valable de la dignité, je poursuis ma route.
Adieu
Aïssatou.
PAGES 62-63.
Questions
1-
Donnez
un titre à ce texte et justifiez-le.
2-
Quels
sont les trois arguments qu’utilise Mawdo pour justifier son mariage par
devoir ?
3-
Sous
quel angle le problème des castes est-il présenté ?
4-
Quelle
est la racine du mot « dépouille » (« Je me dépouille de ton
amour, de ton nom. ») ? Trouvez son homonyme et construisez une
phrase avec cet homonyme.
5-
Que
signifie le mot « idéal » ?
6-
Donnez
les antonymes des mots soulignés avec des pointillés.
7-
Trouvez
les synonymes des mots soulignés dans le texte.
8- Donnez la nature et la fonction
des termes écrits en gras.
9-
« Vêtue
du seul habit valable de la dignité, je poursuis ma route. » :
conjuguez cette phrase aux autres temps simples de l’indicatif.
10-
Analyse
logique des deux phrases suivantes :
-
« Les autres »
courbent leur nuque et acceptent en silence un sort qui les brime. » ;
-
« Au
bonheur qui fut nôtre, je ne peux substituer celui que tu me proposes aujourd’hui. »

« Daouda,
Tu poursuis une femme qui est
restée la même, Daouda, malgré les ravages intenses de la souffrance.
Toi qui m’as aimée, toi qui
m’aimes encore ̶ je n’en doute pas ̶
essaie de me comprendre. Je
n’ai pas l’élasticité de conscience nécessaire pour accepter d’être ton épouse
alors que seule l’estime, justifiée par tes nombreuses qualités, me tend vers toi.
Je ne peux t’offrir rien d’autre,
alors que tu mérites tout. L’estime ne peut justifier une vie conjugale dont je
connais tous les pièges pour avoir fait ma propre expérience.
Et puis, l’existence de ta femme
et de tes enfants complique encore la situation. Abandonnée hier, par le fait
d’une femme, je ne peux allègrement m’introduire entre toi et ta famille.
Tu crois simple le problème de la polygamie.
Ceux qui s’y meuvent connaissent des contraintes, des mensonges, des
injustices qui alourdissent leur conscience pour la joie éphémère d’un changement.
Je suis sûre que l’amour est ton mobile, un amour qui exista bien avant
ton mariage et que le destin n’a pas comblé.
C’est avec une tristesse infinie
et des larmes aux yeux que je t’offre mon amitié. Accepte-la, cher Daouda. C’est avec plaisir que je t’accueille
dans ma maison.
A bientôt, n’est-ce pas ?
Ramatoulaye. »
PAGES
132-133.
Questions
1-
Quels
sont les signes distinctifs de l’écriture épistolaire dans ce texte ?
2-
Quels
sont les indices textuels qui prouvent la familiarité entre Ramatoulaye et
Daouda.
3-
Relevez
les griefs de Ramatoulaye contre la polygamie ?
4-
Décomposez
le mot « polygamie ». Avec chaque composant, proposez deux nouveaux
mots.
5-
Trouvez
les synonymes des mots soulignés dans le texte.
6-
Donnez
les antonymes des mots soulignés avec des pointillés.
7-
Nature
et fonction des termes écrits en gras.
8-
« Ceux
qui s’y meuvent » : donnez l’infinitif et le temps de ce verbe.
Conjuguez cette proposition avec les
autres temps simples de l’indicatif.
9-
Faites
l’analyse logique des trois phrases suivantes :
-
« Toi
qui m’as aimée, toi qui m’aimes encore – je n’en doute pas -, essaie de me
comprendre. » ;
-
« Ceux
qui s’y meuvent connaissent des contraintes, des mensonges, des injustices qui
alourdissent leur conscience pour la joie éphémère d’un changement. »

L’autre
nuit, j’avais surpris le trio (comme on les appelle familièrement) Arame,
Yacine et Dieynaba, en train de fumer dans leur chambre. Tout, dans l’attitude,
dénonçait l’habitude : la façon de coincer la cigarette entre les doigts,
de l’élever gracieusement à la hauteur
des lèvres, de la humer en
connaisseuses. Les narines frémissaient et laissaient échapper la fumée. Et
ces demoiselles aspiraient, expiraient tout en récitant les leçons, tout en
rédigeant les devoirs. Elles savouraient leur plaisir goulûment, derrière la
porte close, car j’essaie de respecter, le plus possible, leur intimité.
Dieynaba,
Arame et Yacine me ressemblent, dit-on. Une amitié serviable les lie, soutenue
par de multiples affinités ; elles forment un bloc, avec les mêmes
réactions défensives ou méfiantes, face à mes autres enfants ; elles usent
ensemble robes, pantalons, corsages, ayant presque la même taille. Je n’ai
jamais eu à intervenir dans leurs conflits. Le trio a la réputation d’être studieux.
Mais de
là à s’octroyer la licence de fumer ! Ma colère les foudroya. J’étais offusquée
par la surprise. Une bouche de femme exhalant l’odeur âcre du tabac, au lieu d’embaumer
! Des dents de femmes noircies de
nicotine, au lieu d’éclater de blancheur ! Pourtant, leurs dents étaient
blanches. Comment s’y prenaient-elles pour réaliser cette performance ?
PAGES
148-149.
Questions
1-
Donnez
un titre à ce texte et justifiez-le.
2-
Pour
chaque paragraphe de ce texte, trouvez le titre qui sied.
3-
Quel
est le principal champ lexical de ce texte ? Illustrez-le avec au moins
sept mots ou expressions.
4-
Quelle
est la racine du mot « foudroya » (« Ma colère les
foudroya ») ? Utilisez-la dans trois phrases avec des sens
différents.
5-
A
quel sens est utilisé le mot « licence » (« la licence de fumer ») ?
Construisez deux phrases dans lesquelles il aura des sens différents.
6-
Trouvez
deux mots de la même famille que « rédigeant » (« tout en
rédigeant les devoirs »).
7-
Donnez
la signification des mots soulignés dans ce texte.
8-
Nature
et fonction des mots écrits en gras dans le texte.
9-
Faites
l’analyse logique de la première phrase du deuxième paragraphe.
10-
Produisez
un paragraphe argumentatif de cinq phrases maximum dans lequel vous dénoncerez
la nocivité du tabac.
VIII- QUELQUES BELLES CITATIONS ET
QUELQUES SUJETS DE DISSERTATION
Tout grand
auteur condense en une, deux ou
plusieurs phrases ses profondes réflexions ou méditations. La mère de Mame
Coumba Ndiaye n’échappe pas à cette règle. La lecture de S.L.L. nous en offre de jolis morceaux ou bien des morceaux
d’anthologie. Nous en avons relevé quelques-uns et pour certains, nous avons
élaboré des sujets de dissertation dont le but est d’affûter la réflexion
critique et la capacité argumentative chez les élèves de Troisième.

v
La confidence noie la douleur.[116]
v
On ne prend pas de rendez-vous
avec le destin. Le destin empoigne qui il veut, quand il veut.[117]
v
La mort est aussi belle que le
fut la vie.[118]
v
Chaque vie recèle une parcelle
d’héroïsme, un héroïsme obscur fait d’abdications, de renoncements et
d’acquiescements, sous le fouet impitoyable de la fatalité.[119]
v
Une mère sent d’instinct où se
trouve le bonheur de son enfant.[120]
v
L’école transforme nos filles en
diablesses, qui détournent les hommes du droit chemin.[121]
v
Une femme qui travaille n’en est
pas moins responsable de son foyer.[122]
v
Chaque métier, intellectuel ou
manuel, mérite considération, qu’il requière un
pénible effort physique ou de la dextérité, des connaissances étendues
ou une patience de fourmi.[123]
v
Déformer une âme est aussi
sacrilège qu’un assassinat.[124]
v
Obtenir le « possible »
est déjà une victoire.[125]
v
La qualité première d’une femme
est la docilité.[126]
v
En vérité, l’instruction d’une
femme n’est pas à pousser.[127]
v
La honte tue plus vite que la
maladie.[128]
v
On ne brûle pas un arbre qui
porte des fruits.[129]
v
Quand Allah tout puissant met
côte à côte deux êtres, personne n’y peut rien.[130]
v
Une femme est comme un
ballon ; qui lance ce ballon ne peut prévoir ses rebondissements.[131]
v
Alors que la femme puise dans le
cours des ans la force de s’attacher malgré le vieillissement de son compagnon,
l’homme, lui, rétrécit de plus en plus son champ de tendresse.[132]
v
Pour vaincre la détresse quand
elle vous assiège il faut de la volonté.[133]
v
L’amitié a des grandeurs
inconnues de l’amour. Elle se fortifie dans les difficultés, alors que les
contraintes massacrent l’amour. Elle résiste au temps qui lasse et désunit les
couples. Elle a des élévations inconnues de l’amour.[134]
v
La vie n’est pas lisse.[135]
v
Nul mariage n’est lisse.[136]
v
La réussite de chaque homme est
assise sur un support féminin.[137]
v
Se marier signifie pour moi […]
un acte de foi et d’amour, un don total de soi à l’être que l’on a choisi et
qui vous a choisi.[138]
v
Une femme doit épouser l’homme
qui l’aime mais point celui qu’elle aime ; c’est le secret d’un bonheur
durable.[139]
v
La femme ne doit plus être
l’accessoire qui orne, l’objet que l’on déplace, la compagne qu’on flatte ou
calme avec des promesses.[140]
v
La saveur de la vie, c’est
l’amour. Le sel de la vie, c’est l’amour encore.[141]
v
La vie est un éternel compromis.[142]
v
Notre société actuelle est ébranlée
dans ses assises les plus profondes, tiraillée entre l’attrait des vices
importés, et la résistance farouche des vertus anciennes.[143]
v
Le rêve d’une ascension sociale
fulgurante pousse les parents à donner plus de savoir que d’éducation à leurs
enfants.[144]
v
La pollution s’insinue autant
dans les cœurs que dans l’air.[145]
v
L’appétit de vivre tue la dignité
de vivre.[146]
v
Le mariage n’est pas une chaîne.
C’est une adhésion réciproque à un programme de vie.[147]
v
Le modernisme ne peut donc être,
sans s’accompagner de la dégradation des mœurs?[148]
v
L’homme se prend pour une
créature supérieure. A quoi lui sert son intelligence ? Son intelligence
enfante aussi bien le bien que le mal, plus souvent le mal que le bien.[149]
v
On est mère pour affronter le
déluge.[150]
v
Instruments des uns, appâts des
autres, respectées ou méprisées, souvent muselées, toutes les femmes ont
presque le même destin que des religions ou des législations abusives ont
cimenté.[151]
v
La réussite d’une nation passe
donc irrémédiablement par la famille.[152]
v
C’est de l’humus sale et
nauséabond que jaillit la plante verte.[153]


Rapportant une opinion commune,
Ramatoulaye, un des principaux personnages d’Une si longue lettre de Mariama Bâ note : « L’école
transforme nos filles en diablesses, qui détournent les hommes du droit chemin. »
En vous basant sur votre
expérience personnelle et vos différentes lectures, vous prouverez d’abord que
l’école engendre des mutations négatives chez l’individu et ensuite qu’elle est
porteuse de valeurs positives.

La narratrice-héroïne d’Une si longue lettre de Mariama Bâ affirme
péremptoire : « Une
femme qui travaille n’en est pas moins responsable de son foyer. »
Vous expliciterez d’abord en quoi
consiste la responsabilité domestique de la femme, ensuite ce que pourrait être
sa responsabilité publique et enfin que la deuxième n’exclut pas la première.

Lançant un cri du cœur, la
rédactrice de la si longue lettre remarque : « Déformer
une âme est aussi sacrilège qu’un assassinat. »
Dans un développement argumenté
et illustré, vous montrerez premièrement que l’école est un moyen de formation
et deuxièmement qu’elle peut être un instrument de perdition.

D’après Tante Nabou, un personnage
secondaire d’Une si longue lettre de
Mariama Bâ, « la qualité première d’une femme est la docilité. »
En vous appuyant sur des
argumentaires pertinents et exemplifiés, vous direz, dans un premier temps ce
que signifie pour vous une femme docile ; dans un second temps, vous
déclinerez les autres qualités de la femme et dans un dernier temps, vous
montrerez que ne pas être docile peut être synonyme de qualité dans certains
cas.

Tante Nabou, la mère de Mawdo Bâ
dans Une si longue lettre de Mariama
Bâ reste convaincue que « l’instruction d’une femme n’est pas à pousser. »
En vous imaginant dans la peau de
l’avocat(e) des femmes, vous démontrerez dans une première partie ce
qu’apportent de grands diplômes à la femme et dans une deuxième partie que
l’ambition de l’Africaine moderne ne doit pas se limiter seulement aux études
poussées.

Reconnaissante vis-à-vis de son
amie Aïssatou, Ramatoulaye dans Une si
longue lettre de Mariama Bâ laisse échapper la pensée
suivante : « L’amitié a des grandeurs inconnues de l’amour. »
En vous référant à vos œuvres au
programme, vous justifierez premièrement ce que vous entendez par grand amour
et deuxièmement ce que vous comprenez par vraie amitié.

L’héroïne d’Une si longue lettre de Mariama Bâ donne du mariage la définition
suivante : « Se marier signifie pour moi […] un acte de foi et
d’amour, un don total de soi à l’être que l’on a choisi et qui vous a choisi. »
En vous appuyant sur votre vécu
social et vos lectures, vous expliciterez dans une première partie la pensée de
Ramatoulaye et dans une deuxième partie, vous déclinerez votre propre
perception du mariage.

La mère de Ramatoulaye dans Une si longue lettre de Mariama Bâ disait
à sa fille les paroles suivantes : « Une femme doit épouser l’homme
qui l’aime mais point celui qu’elle aime ; c’est le secret d’un bonheur
durable. »
Avec des argumentaires précis
vous démontrerez que premièrement l’amour unilatéral de l’homme est la clé de
la réussite d’un mariage et deuxièmement qu’une union heureuse repose sur
d’autres bases.

« La femme ne doit plus être
l’accessoire qui orne, l’objet que l’on déplace, la compagne qu’on flatte ou
calme avec des promesses. »
En considérant ces propos du
député Daouda Dieng dans Une si longue
lettre de Mariama Bâ, vous expliquerez, d’abord ce qui fait de la femme un
ornement ou un objet voire un enfant, puis ce qu’est une femme émancipée.

« La
saveur de la vie, c’est l’amour. Le sel de la vie, c’est l’amour encore. »
se convainc Ramatoulaye, en pleine nuit, au fond de son lit.
Dans
un développement bien argumenté et bien illustré, vous défendrez d’abord
l’importance de l’amour dans la vie de tous les jours puis vous montrerez qu’il
y a des choses aussi (sinon plus) vitales que l’amour dans notre quotidien.

« Le rêve d’une ascension
sociale fulgurante pousse les parents à donner plus de savoir que d’éducation à
leurs enfants. » remarque la narratrice-héroïne d’Une si longue lettre de Mariama Bâ.
En vous basant sur votre vie
quotidienne et sur vos lectures, vous démontrerez dans une première partie
comment se matérialise l’arrivisme des élèves et dans une seconde partie
comment cet arrivisme se présente dans la société.

« La pollution s’insinue
autant dans les cœurs que dans l’air. » proclame Ramatoulaye dans Une si longue lettre de Mariama Bâ.
A l’aide d’argumentaires
pertinents, vous expliciterez d’abord la pollution des cœurs, ensuite, les
autres types de pollution et enfin, leur impact dans notre environnement.

Daba, la fille de l’héroïne d’Une si longue lettre de Mariama Bâ
affirme sans ambages : « Le mariage n’est pas une chaîne. C’est une
adhésion réciproque à un programme de vie. »
En exploitant votre expérience de
lecteur, vous expliquerez premièrement que le mariage pourrait rimer avec la
dépendance, deuxièmement avec l’indépendance et troisièmement vous livrerez
votre conception personnelle du mariage.

« L’homme se prend pour une
créature supérieure. » semble critiquer Ramatoulaye dans Une si longue lettre de Mariama Bâ.
En vous appuyant sur votre
expérience et sur vos lectures, vous démontrerez d’abord la supériorité de
l’homme sur les autres éléments de la Création et ensuite vous dévoilerez les
actes barbares ou contre-nature qui font de l’homme un être loin de la
supériorité.

« L’homme se prend pour une
créature supérieure. A quoi lui sert son intelligence ? Son intelligence
enfante aussi bien le bien que le mal, plus souvent le mal que le bien. »
En faisant appel à votre culture
générale, vous démontrerez les conséquences désastreuses de l’intellect humain sur
l’univers d’une part et d’autre part, ses apports positifs dans le progrès de
notre monde.

« On est mère pour affronter
le déluge. » pense très sincèrement Ramatoulaye dans Une si longue lettre de Mariama Bâ.
Selon vous, comment se matérialise
le combat de la mère dans l’espace domestique ? Comment devrait-il se
manifester dans l’espace privé ?

« Instruments des uns,
appâts des autres, respectées ou méprisées, souvent muselées, toutes les femmes
ont presque le même destin que des religions ou des législations abusives ont
cimenté. »
Avec des arguments et des
exemples précis, vous expliciterez premièrement l’instrumentalisation des
femmes, deuxièmement leur enfermement et troisièmement les voies possibles de
leur émancipation.
A-
LA BIBLIOGRAPHIE





B-
LA WEBOGRAPHIE





[1] - Patriotisme qui consiste à ne
trouver bon que ce qui appartient à notre propre patrie.
[2] - Amadou Bâ (1892-1967) est le
père de Mariama Bâ. Ancien adjoint au maire de Dakar, il a eu à remplir la
fonction de ministre de la santé et de la population pendant un an dans le
gouvernement du Sénégal d’avant l’indépendance.
[3] - Cette école est devenue Berthe
Maubert.
[4] - Cette périphrase veut dire enfants dans la langue wolof. Elle
réfère au titre d’un roman du cinéaste sénégalais Sembène Ousmane : les croyances populaires estiment que compter des êtres humains, c'est risquer de leur porter préjudice, voire de les tuer (mauvaise langue).
[5] - Pour Une si longue lettre, nous utiliserons désormais le sigle suivant S.L.L.
[6] - Cf. S.L.L., page 21.
[7] - Cf. S.L.L., page 115.
[8] - C’est un mot dérivé du concept
de Womanism mis sur orbite par l’Africaine-Américaine
Alice Walker. Distinguant une triple oppression pour la femme noire (celles de
sexe, de sang et de race), elle veut
lutter pour toutes les femmes en situation de détresse.
[9]- Coutume par laquelle un frère
épouse la veuve de son défunt frère.
[10] - Cf. S.L.L., page 117.
[11] - Cf. S.L.L., page 35.
[12] - De manière littéraire et
classique signifie mariage.
[13] - Signifie
littéralement un autre moi-même ou mieux un ami inséparable.
[14] - Cf. S.L.L., page 137.
[15] - Les féministes se réclament du
féminisme qui est une doctrine qui combat l’oppression des femmes et vise
l’émancipation des femmes. Si certaines féministes réclament l’égalité entre
hommes et femmes, d’autres militent pour la complémentarité entre les deux
sexes.
[16] - Personne qui
use de tous les moyens possibles sans s’embarrasser de morale, pour arriver au
sommet de la hiérarchie sociale ou bien pour se retrouver dans une position
enviable.
[17] - Cf. S.L.L., page 58.
[18] - Le Sine renvoie à l’actuelle
région de Fatick. Il constitue avec le Saloum les deux principaux royaumes
sérères du Sénégal précolonial.
[19] - Phallique est le dérivé de phallus (l’organe mâle). Dans le langage
de certaines féministes, la femme
phallique veut dire une femme puissante.
[20] - Une des anciennes capitales du
royaume du Sine.
[21]- Cf. S.L.L., page 165.
[22]- A l’époque, le Sénégal ne
comptait qu’une seule université appelée Université de Dakar. L’appellation
Université Cheikh Anta Diop de Dakar est survenue le 30 Mars 1987.
[23]- Cf. S.L.L., page 134.
[24]- Cf. S.L.L., page 115.
[25]- Cf. S.L.L., page 5.
[26]- Cf. S.L.L., pages 29-30.
[27]- Cf. S.L.L., page 35.
[28]- Cf. S.L.L., page 50.
[29]- Relatif à l’écriture.
[30]- Cf. S.L.L., page 139.
[31]- Terme philosophique qu’on
pourrait comprendre comme une
transformation ou substitution des motifs de souffrance par des actes ou
actions positifs et rassérénérants (Explication simplifiée).
[32]- Terme désignant un des
principaux points stratégiques du texte : il renvoie aux premiers mots,
premières lignes ou aux premières pages d’une œuvre littéraire.
[33]- Cf. S.L.L., page 5.
[34]- Autre point stratégique du
texte qui renvoie aux derniers mots, dernières lignes ou aux dernières pages
d’une œuvre littéraire.
[35]- Cf. S.L.L., page 173.
[36]- Une des anciennes capitales du
royaume du Sine.
[37]- Cf. S.L.L., page 54.
[38]- Ancienne région administrative du Sénégal qui
regroupait celles de Fatick et Kaolack.
[39]- Doctrine islamique provenant de
Cheikh Ahmed Tijani basée sur le Coran et la Sunna (pratique) du Prophète
Mohammed (Paix et Salut sur Lui), elle est surtout répandue dans des pays comme
le Maroc, l’Algérie et le Sénégal.
[40]- Cf. S.L.L., page 55.
[41]- Ancienne capitale du Sénégal et
une des Quatre communes avec Gorée, Rufisque et Dakar dont les habitants étaient considérés comme
des citoyens français au temps colonial.
[42]- Actuellement, Dakar s’est
agrandi et ses banlieues sont surtout Pikine, Guédiéwaye, Bargny et Rufisque.
[43]- Cf. S.L.L., page 43.
[44]- Signifie Société Immobilière du
Cap-Vert.
[45]- Relatif à la thérapie qui veut
dire traitement médical d’une maladie.
[46]- Cf. S.L.L., pages 45-46.
[47]- Le Nouveau Littré, page 874.
[48]- Expression qui désigne tous
ceux qui tirent profit de la mort.
[49]- La cérémonie du troisième jour
voit certains investir des fonds pour en récolter le double.
[50]- Cf. S.L.L., page 9.
[51]- Cf. S.L.L., page 18.
[52]- Ibidem.
[53]- Ibidem.
[54]- Cf. S.L.L., note bas de page de la page 21.
[55]- Cf. S.L.L., page 27.
[56]- Cf. S.L.L., pages 10-11.
[57]- Cf. S.L.L, page 19.
[58]- Cf. S.L.L., page 104.
[59]- Cf. S.L.L., page 86.
[60]- Cf. S.L.L., page 95.
[61]- Cf. S.L.L., page 90.
[62]- Louis Aragon. « Il n’y a pas d’amour heureux »
In : La Diane française. Paris,
1944.
Ce poème
a été mis en chanson par Georges Brassens et Youssou Ndour.
[63]- Que ce soit Binetou ou la
petite Nabou, elles ne décident pas seules de leurs mariages. Leurs unions
résultent de la toute puissance et de la seule volonté de femmes autoritaires comme
Dame Belle-mère et Tante Nabou.
[64]- C’est une marque de voiture.
Cf. S.L.L., page 23.
[65]- Cf. S.L.L., page 78.
[66]- Cf. S.L.L., page 74.
[67]- Cf. S.L.L., page 113.
[68]- Un handicapé présente une
déficience physique ou mentale. Dans une acception moderne, on parle de
handicapés visuel, moteur ou auditif.
[69]- Cf. S.L.L., page 65.
[70]- Cf. S.L.L., page 39.
[71]- Cf. S.L.L., page 61.
[72]- Cf. S.L.L., page 83.
[73]- Cf. S.L.L., page 86.
[74]- Le Nouveau Littré, page 90.
[75]- Cf. S.L.L., page 78.
[76]- Cf. S.L.L., page 77.
[77]- Cf. S.L.L., page 137.
[78]- Cf. S.L.L., page 13.
[79]- Cf. S.L.L., page 64.
[80]- Cf. S.L.L., page 64.
[81]- Cf. S.L.L., page 38.
[82]- Cf. S.L.L., page 48.
[83]- Cf. S.L.L., page 48.
[84]- Cf. S.L.L., page 48.
[85]- Cf. S.L.L., page 48.
[86]- Cf. S.L.L., page 48.
[87]- Cf. S.L.L., page 48.
[88]- Cf. S.L.L., pages 50-51.
[89]- Cf. S.L.L., page 118.
[90]- Cf. S.L.L., page 39.
[91]- Cheikh Hamidou Kane. L'Aventure ambiguë. Paris : Julliard,1961.
[92]- Cf. S.L.L., page 92.
[93]- Cf. S.L.L., page 143.
[94]- Cf. S.L.L., page 120.
[95]- Cf. S.L.L., page 112.
[96]- Cf. S.L.L., page 143.
[97]- Cf. S.L.L., page 112.
[98]- Cf. S.L.L., page 144.
[99]- « Chose ou objet que la
morale, la société ou la religion réprouve. » In : Le Nouveau Littré, page 1368.
[100]- Cf. S.L.L., page 137.
[101]- Cf. S.L.L., page 5.
[102]- Terme qui signifie bout, fin ou
conclusion.
[103]- Cf. S.L.L., page 175.
[104]- Cf. S.L.L., page 5.
[105]- Relatif à témoignage lequel est
un mot de la même famille que témoin.
[106]- Qui exprime des sentiments
intimes et profonds.
[107]- Cf. S.L.L., pages 8-9.
[108]- Cf. S.L.L., pages 14-15.
[109]- Cf. S.L.L., page 119.
[110]- Cf. S.L.L., page 19.
[111]- Cf. S.L.L., page 21.
[112]- Cf. S.L.L., page 53.
[113]- Cf. S.L.L., page 6.
[114]- Cf. S.L.L., page 13.
[115]- Cf. S.L.L., page 29.
[116]- Cf. S.L.L., page 5.
[117]- Cf. S.L.L., page 6.
[118]- Cf. S.L.L., page 17.
[119]- Cf. S.L.L., page 25.
[120]- Cf. S.L.L., page 31.
[121]-
Cf. S.L.L., page 37.
[122]- Cf. S.L.L., page 42.
[123]- Cf. S.L.L., pages 47-48.
[124]- Cf. S.L.L., page 48.
[125]-
Cf. S.L.L., page 49.
[126]- Cf. S.L.L., page 59.
[127]- Cf. S.L.L., page 60.
[128]- Cf. S.L.L., page 60.
[129]- Cf. S.L.L., page 62.
[130]- Cf. S.L.L., page 71.
[131]- Cf. S.L.L., page 81.
[132]- Cf. S.L.L., page 81.
[133]- Cf. S.L.L., page 82.
[134]- Cf. S.L.L., page 104.
[135]- Cf. S.L.L., page 107.
[136]- Cf. S.L.L., page 107.
[137]- Cf. S.L.L., page 109.
[138]- Cf. S.L.L., page 112.
[139]- Cf. S.L.L., page 115
[140]- Cf. S.L.L., page 119-120.
[141]- Cf. S.L.L., page 124.
[142]- Cf. S.L.L., page 141.
[143]- Cf. S.L.L., page 142.
[144]- Cf. S.L.L., page 142.
[145]- Cf. S.L.L., page 142.
[146]-
Cf. S.L.L., page 142.
[147]- Cf. S.L.L., page 143.
[148]- Cf. S.L.L., page150.
[149]- Cf. S.L.L., pages 155-156.
[150]- Cf. S.L.L., page 162.
[151]- Cf. S.L.L., page 173.
[152]-
Cf. S.L.L., page 174.
[153]-
Cf. S.L.L., page 175.
Je remercie beaucoup les auteurs de ce travail exceptionnel et je donne 5 étoiles.
RépondreSupprimerCette étude critique n'a qu'un seul auteur; tous les articles du blog ruelle des affriquée restent et demeurent l'œuvre d'un seul passionné de la littérature et des lettres. C'est votre serviteur Mbayye Juff. Merci pour votre appréciation.
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