SOUS L’ORAGE  DE SEYDOU BADIAN 

 

I- LA BIOGRAPHIE

 

Seydou  Bodian (1928-2018) est à la fois écrivain et homme politique malien. Il est né et  mort à Bamako, la capitale du Mali.

Proche du premier Président du Mali, il eut l’honneur de rédiger les paroles de l’hymne national de son pays.

 

II- LA BIBLIOGRAPHIE

 

Malgré des études supérieures en médecine à l’université de Montpellier (France), Seydou Badian est un homme de science passionné par la littérature. Il taquine la plume. Ce qui lui a valu  d’être l’auteur des quatre romans  suivants :

- Sous l’orage (1957) ;

- Le sang des masques(1976) ;

- Noces sacrées (1977) ;

- La saison des pièges (2007).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

III-  LE RESUME, LE TITRE ET LA COMPOSITION

1-      Le Résumé

Kany et Samou éprouvent l’un pour l’autre un amour tendre et sincère. Cependant cette idylle entre deux jeunes maliens est menacée par le père Benfa. Le père de Kany veut donner sa fille en mariage au riche commerçant Famagan qui veut en faire sa trosième épouse. Devant le refus de cette dernière , il l’exile en compagnie de son frère Birama au village auprès de son frère Djigui. En plein milieu rural, les jeunes citadins gagnent en sagesse et se lient d’amitié avec Tiéman. Les efforts conjugués de cet infirmier, du père Djigui , de Kerfa, de Maman Téné et de certains notables font revenir le père Benfa à la raison et raménent la paix dans la famille Benfa.

 

 

2-      Le Titre

L’orage au sens propre renvoie à une grosse pluie accompagnée de vents forts, d’éclairs et de tonnerres. Avec le roman de Seydou Badian, il est utilisé de manière métaphorique. Il signifie ici une perturbation, un trouble voire un remue-ménage. En effet, qu’est-ce qui est perturbé ou troublé ? Qu’est-ce qui est mis sens dessus- dessous ? La réponse est, à coup sûr, une famille, un ménage, un quartier ou une société. Le trouble et le désordre sont dans la famille Benfa : ce dernier ne s’entend ni avec sa première femme ni avec sa fille Kany ; ses deux fils Sibiri et Birama sont à couteaux tirés. Dans ce quartier de la capitale malienne, jeunes et vieux se regardent en chiens de faïence et s’affrontent autour du mariage de Kany à coups de diatribes, de complots et de crocs- en- jambe. Une telle atmosphère colle donc parfaitement au titre du roman de l’écrivain malien.

3-      La Composition

Le roman fait en tout et pour tout 26 chapitres. Pour aider à une meilleure compréhension du livre, nous nous sommes penché sur chaque subdivision pour la synthétiser. Successivement, nous avons le :

v Chapitre 1 (Le Maître du jeu) : Le réveil matinal du père Benfa et de sa famille constitue un prétexte pour dresser le portrait moral du maître de maison, du meneur de jeu dans SLO.

 

v Chapitre 2 (Un conciliabule entre deux parties) : Les familles des futurs époux se concertent et s’accordent sur la future union de Kany et de Famagan.

 

v Chapitre 3 (Une mère de famille soucieuse) : Parce que proche de sa fille Kany, elle sait que tout mari autre que Samou sera rejeté par cette dernière d’où son inquiétude. Elle subodore déjà l’orage (le trouble et la division) sur la famille Benfa.

 

v Chapitre 4 (Une mère de famille prévenante) : Comme toute mère de famille protectrice, elle cherche à conjurer le sort (écarter le danger) en sollicitant les prières du féticheur Tiekoura.

 

v Chapitre 5 (Premières escarmouches) : Sollicité par son père pour informer ses frères sur le futur mariage de Kany, Sibiri se heurte à l’opposition de Birama d’où une violente dispute marquée par des paroles fielleuses.

 

 

v Chapitre 6 (Rencontre entre jeunes) : Réunis pour passer un bon moment, les jeunes voient leur bonne ambiance perturbée par une scène de ménage dans laquelle un mari corrige sévèrement sa femme.

 

v Chapitre 7 (Une flânerie amoureuse) : Se séparant du groupe des jeunes, Kany et Samou profitent de l’instant vespéral pour partager un moment d’intimité à travers une promenade amoureuse le long des quartiers indigène et européen.

 

v Chapitre 8 (L’orage dans l’air) : Maman Téné met Kany au parfum de la décision de son père de faire d’elle la troisième épouse de Famagan. Celle-ci oppose un niet catégorique d’où l’ire du père Benfa qui décide de l’envoyer au village du père Djigui en compagnie de Birama.

 

v Chapitre 9 (Un couple dans le désarroi) : Kany vient informer Samou des décisions de son père. Ce qui plonge les deux amoureux dans une profonde tristesse.

 

v Chapitre 10 (Une complicité mère-fille) : Samou, à son tour, informe sa mère Maman Coumba sur les intentions du père Benfa. Devant la détresse de son fils, celle-ci lui manifeste un soutien total.

 

v Chapitre 11 (Un voyage en train) : Pour quitter la ville et aller en milieu rural, Birama et Kany empruntent d’abord le train. Pendant le trajet ils se confrontent à différentes couches sociales (commerçants, fonctionnaires, ménagère…) qui leur permettent de s’imprégner des colonisations française et anglophone.

 

v Chapitre 12 (Premiers contacts avec le milieu rural) : Après la voie ferrée, les enfants Benfa recourent ensuite à la pirogue pour rejoindre le village de leur oncle.

 

v Chapitre 13 (Le Portrait du père Djigui) : Plus que le portrait du père Benfa, celui de son frère Djigui tombe dans l’apologie et frôle le panégyrique.

 

v Chapitre 14 (L’arrivée dans le village) : L’accueil des enfants Benfa par les villageois est chaleureux. Ce qui n’empêche pas ces derniers d’exposer aux jeunes citadins leurs frustrations vis-à-vis du Blanc et de la colonisation.

v Chapitre 15 (Un quotidien monotone) : Au contact du village, Kany est dépaysée. Elle est frappée par la monotonie de l’endroit.

 

v Chapitre 16 (Premières leçons) : Au contact du milieu rural, Birama et Kany apprennent leurs premières leçons. Ils sont initiés à l’école du village ou de la tradition à travers l’existence du totem, les proverbes et la morale.

 

v Chapitre 17 (Immersion dans la tradition) : L’initiation se poursuit pour Birama avec son entrée en contact avec le monde de la chasse et des chasseurs grâce à l’entregent du Père Djigui.

 

v Chapitre 18 (Un homme spécial) : Kany adresse une lettre à Samou dans laquelle elle procède au portrait de Tiéman. Elle considère ce dernier comme son ami, son guide voire sa lueur d’espoir.

 

v Chapitre 19 (Vents de désespoir et d’espoir) : L’espoir, c’est l’indépendance qui s’amène à grands pas et le désespoir, c’est l’épidémie de méningite cérébro-spinale qui décime la population jeune.

 

v Chapitre 20 (Les facettes de la tradition) : L’initiation à l’école du village s’intensifie pour les jeunes citadins sous l’œil averti et expert de Tiéman. Ils assistent à une revue des troupes chez les tisserands, les laboureurs, les chasseurs, etc.

 

v Chapitre 21 (Lettre d’un aîné ou Un appel à la conciliation) : Tiéman poursuit son travail de médiation et d’éveil des consciences en adressant une lettre à Samou.

 

v Chapitre 22 (Un retour sans heurt) : Après un séjour plein d’enseignements, les deux citadins empruntent le chemin du retour avec optimisme grâce à la lettre de Samou à Kany.

 

v Chapitre 23 (Un regain de tension) : Au départ, le mariage de Kany constituait un problème familial. A l’analyse, on se rend compte qu’il oppose jeunes et vieux.  Les seconds n’ont pas dit leur dernier mot et les premiers ne sont plus sûrs d’obtenir gain de cause.

 

v Chapitre 24 (Une jeune fille soucieuse) : Kany est habitée par le pessimisme. Elle ne sait plus à quel saint se vouer.

 

v Chapitre 25 (Un médiateur avisé) : A la suite de Tiéman qui avait joué les éveilleurs de consciences pour Kany, Birama et Samou, Kerfa en fera de même pour les autres jeunes. Il essaye de les ramener à la raison.

 

v Chapitre 26 (Le Calumet de la paix) : Après la tempête, le calme. Après Tiéman et Kerfa, les notables jouent les médiateurs. Ils ramènent le père Benfa à la raison et la paix dans la famille de Kany et dans le  quartier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

IV- LES PERSONNAGES

Nous pouvons les diviser en trois catégories :

Il y a d’abord les personnages principaux comme :

- Kany : c’est l’héroÏne du roman. Eduquée à l’école occidentale, elle aime Samou et veut être son épouse. Elle s’oppose farouchement à son géniteur qui veut l’en empêcher ;

- Le père Benfa : il est un musulman polygame et l’époux de 3 femmes. Il  est autoritaire et veut donner une leçon  à la jeune génération en imposant à sa fille un mari du nom de Famagan.

Ensuite il y a un grand nombre de personnages secondaires comme :

- Samou : c’est l’amoureux transi de Kany qu’il veut épouser. Seul fils de sa mère Coumba, il est un éléve brillant ;

- Maman Téné : elle est la mère de Kany. Femme docile, elle est malheureuse dans son foyer. Même si elle est de tout cœur avec sa fille ,elle n’ose le clamer haut et fort ;

- Sibiri : il est l’aîné de la famille Benfa. Attaché à la tradition, il est le confident et le bras droit de son père ;

- Birama : il est le complice de sa sœur Kany. Fervent défenseur de la modernité, il est l’antonyme de Sibiri ;

- Le père Djigui : il est le frère aîné de Benfa. Il est un chasseur émérite et grand défenseur de la tradition. Sage et tolérant, il parviendra à rétablir l’entente entre les différents membres de la famille Benfa.

Enfin les personnages épisodiques, comme dans tout roman, sont de loin les plus nombreux. On peut citer successivement :

- Tiéman l’infirmier : c’est un homme de synthèse qui vit entre tradition et modernité. C’est lui qui va éveiller les consciences de Kany et Birama et les pousser à se réconcilier avec les tenants de la tradition ;

- Kerfa : c’est un « camarade d’enfance » de Samou. Pourtant, il est dénigré par les jeunes. Toutefois, il constitue une partie de la solution entre ces derniers est les vieux ;

- Famagan : c’est un riche homme d’affaires qui veut convoler en justes noces pour la troisième fois avec Kany ;

- Sidi : figure de proue de la jeune génération, il est contre les traditions. Surnommé « le tribun », il se positionne comme un militant convaincu et acharné de la modernité ;

-  Maman Coumba : c’est une veuve. Elle est une mère aimante. Très proche de son fils unique Samou, elle le supporte activement dans sa décision de se marier avec Kany ;

- Tiémoko, Moussa et Sory : ce sont des frères du père Benfa ;

- Karamoko et Nianson : ce sont les petits frères de Birama et Kany ;

- Tiékoura le féticheur : c’est un devin et un intermédiaire entre les forces invisibles et les êtres humains. Il témoigne du syncrétisme religieux typique des musulmans africains ;

- Les notables Aladji, Mamari et Fadiga le muezzin ;

- Makhan, Monsieur Donzano (ancien directeur d’école), Sira (une amie de Kany) etc.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

         V- LE TEMPS

Le roman prend en charge le Mali sous la domination coloniale française.

L’on est à quelques encablures de l’ère des indépendances. En effet, la seconde guerre mondiale vient de se terminer et les rapports entre Blancs et Noirs, entre maîtres blancs et indigènes noirs empruntent obligatoirement la courbe du changement. En effet, les premiers soldats qui étaient rentrés de la grande guerre disaient :

Bientôt, tout le monde sera citoyen (…) On nous a parlé là-haut. Il n’y aura plus de travail forcé. Dans l’armée, il n’y aura plus de différence entre soldats. Tous seront habillés de la même façon, tous auront droit au même traitement. Il y aura les mêmes écoles pour tous les enfants, Blancs comme Noirs. Il y aura également la même justice et nul n’ira en prison sans être jugé. Bientôt, tout le monde sera bien. (pages 133-134).

 

     VI- L’ESPACE

Nous avons un espace urbain (on ne nous précise pas si c’est la capitale du Mali ou n’importe quelle autre ville) et  un espace rural, c’est-à-dire le village du père Djigui. Il ne faut surtout pas omettre l’espace fluvial que traversent dans une pirogue les enfants de Benfa pour accéder au village du père Djigui. La structure de l’espace nous montre donc un mouvement d’aller et de retour entre ville et village.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     VII- LES THEMES

Ils sont nombreux. On peut dénombrer : les traditions, le modernisme, le conflit de générations, l’acculturation, la condition fêminine, la polygamie, l’école, la passion amoureuse, le mariage, la famille, les croyances, la colonisation, la chasse, le village, etc.

 

1-      Le conflit de générations

Qui dit conflit parle d’opposition, de combat, de débat contradictoire ou de joutes verbales. Dans Sous l’orage, les manifestations de ce conflit mettent  face à face les jeunes (nouvelle génération) et les vieux (ancienne génération).

Ce conflit migre aussi de l’espace public à l’espace privé ; c’est-à-dire familial. Au sein de la famille Benfa, la confrontation verbale est notée entre Sibiri (représentant de la tradition) et Birama (incarnation de la modernité) ; entre Maman Téné et ses autres coépouses.

Le conflit entre jeunes et vieux constitue la trame du récit. Ce conflit est latent. Le mariage de Kany est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. L’orage ou la tempête (au sens figuré) voire le trouble aurait été désastreux pour la famille Benfa et ce quartier sis dans une ville africaine n’eûrent été les interventions salutaires de Maman Téné (qui demande des prières à Tiémoko), de Tiéman, de Kerfa, du pére Djigui et, des notables Aladji et Mamari.

2-      La tradition

Elle désigne un ensemble de manières de penser et d’agir d’une ethnie qui leur ont été transmises par leurs dévanciers, leurs anciens depuis des siècles. Dans Sous l’orage, le père Benfa, Sibiri et les vieux sont des inconditionnels de la tradition comme par ailleurs les habitants du village de père Djigui. La tradition malienne veut que le père choisisse le mari de sa fille et non cette dernière qui se substitue à son père. La ville est un milieu où la tradition a tendance à se perdre alors que le village est son repaire de prédilection. Birama et Kany y sont mis au courant des valeurs cardinales de l’homme malien :

-         « Ne crie jamais, un homme ne crie pas. » (p.116) ;

-         « Un homme ne court pas. Quand on doit la vie à la fuite, on ne vit plus qu’à moitié » (p.117) ;

-         « La seule arme que craignent les fauves est le courage. » (p.117) ;

-         « L’homme ne doit avoir peur que de la honte. » (p.117) ;

-         « Quand tu seras grand, tu ouvriras ta porte à l’étranger, car le riz cuit appartient à tous. » (p.119) ;

-         « L’homme n’est pas fait pour se reposer. » (p.119) ;

Les jeunes citadins y sont aussi mis au parfum de :

-         l’animal totem de leur famille : « Le lézard fait partie de notre famille. » (p.116) dit le père Djigui à Birama ;

-         l’existence des sociétés secrètes : « […] les sociétés secrètes, contrairement à ce qui se disait en ville, n’étaient pas mortes. » (page 114) ;

-         l’absence de frontière entre la mort et la vie, entre les vivants et les morts :

Le père Djigui, à quelques heures de la veillée annuelle des chasseurs, venait de saluer les anciens. Il venait de leur offrir le coq rouge traditionnel accompagné des mots rituels :

  « Recevez-le en même temps que notre salut. » « Vous êtes toujours parmi nous dans les cases et dans la brousse. »  (page 122) ;

-         les fêtes coutumières  ou traditionnelles comme la veillée annuelle des  chasseurs, la fête des piroguiers.

 

3-      Le modernisme

Dans Sous l’orage, il est le fait de la jeune génération (Kany, Samou, Birama, Sidi, Sira, etc.). Ils ont été à l’école occidentale et sont sous le charme de  la culture et de la civilisation occidentales. Ils ne veulent rien  accepter de la tradition. Ils nourrissent un double complexe : celui d’infériorité pour les valeurs occidentales et celle de supériorité pour celles de leur race.

C’est ce qui pousse Birama à balancer à la face de Sibiri cette phrase : « Tout change et nous devons vivre avec notre temps. » (page 56).

4-      L’école

5-      La polygamie

6-      La condition féminine

7-      La famille

8-      Les croyances

9-      La passion amoureuse

10-  Le mariage

11-  La colonisation

12-  Le village

13-  La chasse

 

 

 

IX- LES PROVERBES ET LES BELLES REFLEXIONS

Dans tout roman, il y a des phrases qui prêtent à une profonde réflexion. Elles appartiennent en propre au romancier ou bien à une communauté surtout dans le cas des romans africains. Elles se font appeler citations ou proverbes. Elles regorgent en leur sein toute la sagesse de leur auteur, individuel ou collectif. Elles traduisent une capacité d’observation et d’analyse avérée. Dans les lignes suivantes, nous allons essayer d’en dresser un inventaire qui ne prétend pas à l’exhaustivité.

 

§  LES PROVERBES

o   « L’homme n’est rien sans les hommes, il vient dans leur main et s’en va dans leur main. » (page 27)

o   « Un homme endure et ne crie pas. » (page 28)

o   « Quand on cherche, c’est avec l’espoir de trouver. » (page 35)

o   « Les pintades regardent celle qui les guide. » (page 36)

o   « J’ai plus peur de celui qui me respecte que de celui qui me menace. » (pages 36-37)

o   « La meilleure des connaissances est celle qui mène l’homme vers les hommes. » (page 37)

o   « La vérité s’appelle Dieu. » (page 37)

o   « La panthère a ses taches au-dehors, l’homme a les siennes en dedans. » (page 38)

o   « La langue et les dents appelées à cohabiter toute une vie se querellent. » (page38)

o   « C’est à force de réfléchir que la vieille femme parvient ç transformer le mil en bière. » (page 39)

o   « Quand le feu gagne la forêt, l’animal court vers la rivière. » (page 46)

o   « Le séjour dans l’eau ne transforme pas un tronc d’arbre en crocodile. » (page 56)

o   « Celui qui est sur le dos de l’éléphant ne doit pas craindre la rosée. » (page 127)

o   « Le jeune qui a parcouru cent villages est l’égal du vieux qui a vécu cent années. » (page 128)

o   « Il est dans l’ordre des choses que la fille qui nage bien soit donnée à un bon piroguier. » (page 151)

o   « La maison n’est belle que lorsque chacun y reconnaît sa part de labeur. » (page 181) 

 

 

 

 

§  LES CITATIONS

ü « Le mariage n’est pas une plaisanterie, il ne peut être réglé par ceux qui ne rêvent que de cinéma, de cigarettes, et de bals. » (page 55)

ü « Tout change et nous devons vivre avec notre temps. » (page 56)

ü « C’est la femme qui fait démarrer la société. C’est elle qui la fait progresser. Elle est le principal agent de l’émancipation. » (page 60)

ü « La plus noble aspiration d’une jeune fille est le foyer, oui le foyer, un mari et des enfants. » (page71)

ü « L’homme ne doit avoir peur que de la honte. » (page 117)

ü « L’homme est comme un grand arbre : tout voyageur a droit à son ombre. » (page 118)

ü « L’homme n’est pas fait pour se reposer. » (page 119)

ü « Les coutumes sont faites pour servir les hommes, nullement pour les asservir. » (page 143)

ü « L’humanité serait vraiment pauvre si nous devions tous nous transformer en Européens. » (page 145)

ü « Les machines et les buildings ne sont pas tout dans la vie. Il y a les valeurs morales. » (page 148)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

X- DES PISTES DE REFLEXION

En classe de quatrième, les élèves sont en phase de transition. Ils ont tendance à laisser derrière eux la rédaction et à s’essayer à l’argumentation. Celle-ci est l’essence de la dissertation. Cette dernière est abordée et pratiquée intégralement en classe de troisième. Pour l’initiation à cet exercice littéraire incontournable du second cycle, nous essayerons de pousser lesdits élèves à produire des paragraphes argumentatifs. Donc ici, nous ne focalisons ni sur l’introduction ni sur la conclusion pour aborder cette épreuve-phare du baccalauréat mais sur le développement et son unité de base à savoir le paragraphe argumentatif. C’est pourquoi les sujets de dissertation que nous allons élaborer sont assimilés à des pistes de réflexion.

 

v Sujet 1 :

Dans SLO[1] de Seydou Badian, le muezzin Fadiga affirme vigoureusement : « Ma fille à moi ne verra jamais les portes de ce lieu [l’école]. »

Selon que vous soyez pour ou contre ce point de vue, montrez[2] dans deux paragraphes argumentatifs au moins que ce père de famille a raison ou bien a tort.

 

v Sujet 2 :

Mécontent de l’attitude de Birama, le père Benfa lui jette à la figure : « Je t’ai mis à l’école pour que tu saches lire. Je n’ai jamais voulu que tu deviennes un Blanc. » 

Avec deux paragraphes argumentatifs, prouvez que l’école française déforme les jeunes africains. Vous pourriez aussi prendre le contre-pied du père Benfa en montrant avec autant de paragraphes argumentatifs que l’école du Blanc participe à la formation de nos jeunes.

 

 

 

v Sujet 3 :

Se querellant avec son frère Sibiri, Birama lui balance les paroles suivantes : « Eh bien ! depuis que le monde est monde, les mariages ont été mal faits ! Ce n’est d’ailleurs pas un mariage […] mais une vente aux enchères[3]. »

Rédigez deux paragraphes argumentatifs dans lesquels vous confirmerez que dans l’optique de ce mariage, Kany est considérée comme une marchandise.

 

v Sujet 4 :

« Eh bien ! depuis que le monde est monde, les mariages ont été mal faits ! » s’exclame un personnage dans SLO.

Explicitez dans deux paragraphes argumentatifs distincts ce que vous entendez par un mariage mal fait.

 

v Sujet 5 :

« Eh bien ! depuis que le monde est monde, les mariages ont été mal faits ! » s’exclame un personnage dans SLO.

Explicitez dans deux paragraphes argumentatifs différents ce que vous entendez par un mariage bien fait.

 

v Sujet 6 :

Dans SLO, un défenseur de la modernité affirme : « Oui ! flanquons toutes ces coutumes en l’air […] Débarrassons-nous de toutes ces vieilleries ! »

Vous justifierez dans des paragraphes argumentatifs que certaines de nos coutumes bloquent ou gênent le progrès des sociétés africaines.

 

 

 

 

v Sujet 7 :

« C’est la femme qui fait démarrer la société. C’est elle qui la fait progresser. Elle est le principal agent de l’émancipation. »

Rédigez quatre paragraphes argumentatifs dans lesquels vous montrerez qu’une femme peut être un facteur plus pour ses enfants, pour son mari, pour sa famille et pour sa société.

 

v Sujet 8 :

Un de nos professeurs disait que nous avons transplanté la jungle dans les villes.

Illustrez ces propos en prouvant avec des paragraphes argumentatifs que « l’homme est [devenu] un loup pour l’homme. »

 

v Sujet 9 :

S’adressant à sa fille Kany Maman Téné affirme : « La plus noble aspiration d’une jeune fille est le foyer, oui le foyer, un mari et des enfants : c’est le plus grand bonheur. »

Que vous soyez d’accord ou pas avec la mère de Kany, démontrez à travers des paragraphes argumentatifs, en quoi consiste pour vous le bonheur d’une femme.

 

v Sujet 10 :

En conseillant sa fille, Maman Téné lui dit : « Dans la rue, au marché, partout où tu seras, n’oublie pas que tu n’es plus libre. Tu as un mari désormais. »

Si vous êtes du même avis que cette mère de famille, montrez avec des paragraphes argumentatifs à l’appui que le mariage peut être une prison pour la femme. Si tel n’est pas le cas, prouvez avec des arguments que le mariage constitue un facteur de développement personnel pour la femme.

 

 

 

v Sujet 11 :

Discutant avec son neveu le père Djigui lui fait la remarque suivante : « Par le progrès, vous croyez dominer la nature, alors que vous devenez prisonniers de vos propres créations. »

Avec deux ou plusieurs paragraphes argumentatifs montrez que l’homme est devenu l’esclave des découvertes scientifiques.

 

v Sujet 12 :

« Les coutumes sont faites pour servir les hommes, nullement pour les asservir[4]. » 

Rédigez deux paragraphes argumentatifs qui confirment que les coutumes favorisent l’épanouissement de l’individu.

 

v Sujet 13 :

« La technique ne saurait être un critère de supériorité. » dit Tiéman à Samou

En vous référant à la colonisation et à votre époque, vous montrerez avec des paragraphes argumentatifs la supériorité de l’Occident sur l’Afrique.

 

v Sujet 14 :

 

Dans sa lettre à Samou, Tiéman note : « Les machines et les buildings ne sont pas tout dans la vie. Il y a les valeurs morales. »

En vous appuyant sur des exemples précis, vous construirez des paragraphes argumentatifs dans lesquels vous montrerez d’abord l’intérêt des découvertes scientifiques pour les hommes et ensuite l’utilité desdites valeurs dans la vie des hommes.

 

 

 

v Sujet 15 :

Très remonté contre Birama, Sibiri déclare péremptoire : « Le mariage n’est pas une plaisanterie, il ne peut être réglé par ceux qui ne rêvent que de cinéma, de cigarettes, et de bals. »

Avec au moins deux paragraphes argumentatifs, vous démontrerez premièrement que le mariage peut être assimilé à du fiel et deuxièmement, qu’il est synonyme de miel.

 

v Sujet 16 :

Voulant faire taire son petit frère Birama, Sibiri lui rétorque : « Le mariage n’est pas une plaisanterie, il ne peut être réglé par ceux qui ne rêvent que de cinéma, de cigarettes, et de bals. »

Avec des paragraphes argumentatifs à l’appui, montrez d’abord que le mariage est une affaire collective et ensuite, qu’il est avant tout une affaire individuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

XI- DES SAVEURS BADIANESQUES

La littérature est belle. Un roman peut être envoûtant ou enivrant. Le sel de l’écriture en prose donne naissance aux citations ; il est des fois condensé dans un paragraphe ou bien dans un ensemble de paragraphes. Ce qui donne de beaux passages. Les grands ou les bons romans en regorgent à foison. SLO de Seydou Badian ne déroge pas à la règle. Notre ambition n’est pas seulement de les inventorier mais d’en faire bénéficier les apprenants à travers l’épreuve de texte suivi de questions.

 

 

 

*    Texte 1

Kany, les joues mouillées de larmes, restait la tête baissée. A présent, elle avait un peu de remords. Elle se sentit égoïste vis-à-vis de celle qui lui avait donné le jour. Les dernières paroles de sa mère lui avaient montré un aspect des choses auquel elle ne semblait plus penser : les misères de maman Téné. Oui, maman Téné avait été délaissée par le père Benfa dès que ce dernier avait épousé ses deux jeunes femmes. Il avait transporté ses affaires chez ses nouvelles épouses et était devenu étranger à maman Téné. Il ne plaisantait plus avec elle, ne se confiait plus à elle. Kany voyait tout cela à présent. Elle voyait les jolies coépouses de maman Téné faire la loi dans la maison. Elle se rappelait que le père Benfa hurlait sur maman Téné chaque fois qu’elle se disputait avec la plus agaçante de ses coépouses : Mata, la dernière venue. Oui, maintenant Kany voyait tout cela.

Pages 73-74.

 

 

 

 

 

QUESTIONS :

1-    Proposez un titre pour ce texte. (2 pts)

2-    Dites pourquoi Maman Téné n’est pas heureuse dans son ménage. (2 pts)

3-    Remplacez par un seul mot les expressions soulignées en pointillés. (2 pts)

4-    Quels sont les antonymes des mots écrits en gras. (2 pts)

5-    Trouvez quatre mots de la même famille que « mère ». (2 pts)

6-    Donnez la fonction des termes soulignés d’un seul trait dans le texte. (2 pts)

7-    A quelle forme est le segment de phrase suivant : « Maman Téné avait été délaissée par le père Benfa ». Passez à une autre forme avec laquelle le père Benfa devient le sujet. (2 pts)

8-    « Kany voyait tout cela à présent. » : quelle est la valeur du temps utilisé dans cette phrase ? Conjuguez cette phrase aux autres temps simples de l’indicatif. (4 pts)

9-    Faites l’analyse logique de la phrase suivante : « Les dernières paroles de sa mère lui avaient montré un aspect des choses auquel elle ne semblait plus penser. » (2 pts)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

*    Texte 2

Kany, dans la rue, ne voyait personne. Elle ne voyait rien ; elle ne répondait même pas aux saluts que lui adressaient les passants. D’un pas lent, presque traînant, pieds nus, elle marchait dans la poussière, essuyant de temps en temps ses yeux du revers de la main. Tout changeait pour elle, la rue n’était plus la même. Le tam-tam l’agaçait. Les éclats de rire qui lui parvenaient lui étaient fort désagréables. Elle faillit se faire écraser par une des rares autos qui empruntent les rues du quartier. Les passants s’émurent et proférèrent des jurons. Mais rien ne touchait Kany. A quoi bon ? Pourquoi vivre alors qu’il n’était plus possible d’être soi-même ? Ce mariage élèverait tout un monde entre Kany et ses camarades de classe. Avec Samou, elle aurait discuté, elle aurait donné son avis sur telle ou telle chose. Mais au milieu des deux femmes de Famagan, elle serait comme Téné et comme tant d’autres.

Pages 76-77.

 

 

 

QUESTIONS :

I-                  COMPREHENSION (4 pts)

1-    Proposez un titre pour ce texte. (2 pts)

2-    Quels sont les sentiments qui animent Kany ? Justifiez votre réponse. (2 pts)

II-              VOCABULAIRE

3-    Donnez les synonymes des mots en gras dans le texte : (2 pts)

4-    Trouvez quatre mots de la même famille que « pieds » utilisez-les chacun dans une phrase : (2 pts)

 

 

III-           GRAMMAIRE ET MANIEMENT DE LA LANGUE

5-    Donnez la nature et la fonction des termes soulignés dans le texte : (4 pts)

6-    A quelle forme est la phrase suivante : « Le tam-tam l’agaçait. » ? Passez à une autre forme dans laquelle « le tam-tam » devient un complément d’agent. (2 pts)

7-    Faites l’analyse logique de la phrase suivante : « elle ne répondait même pas aux saluts que lui adressaient les passants. » (2 pts)

IV-           CONJUGAISON

8-    « Les passants s’émurent et proférèrent des jurons. » :

Donnez le temps et le mode des verbes conjugués ? (0,75 pt) Quelle est la valeur des temps utilisés dans cette phrase ? (1 pt) Conjuguez cette phrase aux autres temps simples de l’indicatif (2,25 pts).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

*    Texte 3

Ce jour-là, le père Benfa s’était levé plus tôt que de coutume. Il était debout avant les premières clartés de l’aube. Rien dans la cour ne bougeait. Seuls, de temps en temps, bruissaient les feuillages du petit manguier, non loin du puits. Etait-ce le vent ? ou des oiseaux de nuit ? Il est difficile de le dire.

Le père Benfa s’installa sur le petit tara qui dans la journée portait les calebasses de maman Téné. Le tara était mouillé, mais le maître de la maison n’y fit guère attention ; il était si soucieux… Toute la nuit, il s’était tourné et retourné sur sa natte sans pouvoir dormir. Comment aurait-il pu fermer les yeux avec de tels projets ? Non, cela n’était pas possible. Le père Benfa se voyait pour une semaine au moins, le premier personnage du quartier ; il n’était plus loin le jour où les aèdes les plus populaires, les plus recherchés le chanteraient, il serait leur point de mire, on parlerait de lui ; on dirait les louanges de ses pères, de ses frères et de tous ses proches.

Pages 13-14.

 

QUESTIONS :

1-    Quel titre donnerez-vous à ce texte ? Justifiez votre réponse par des mots et expressions tirés du texte. (2 pts)

2-    Pourquoi le père Benfa est-il si matinal ? (1 pt)

3-    Quels sont les sentiments qui animent le père Benfa ? (1 pt)

4-    Trouvez les synonymes des mots mis en gras. (2 pts)

5-    Proposez pour chaque mot souligné en pointillés deux mots de la même famille. (4 pts)

6-    Donnez quatre homonymes du mot « cour » et utilisez chaque homonyme trouvé dans une phrase. (4 pts)

7-    Soit le segment de phrase suivant : « Le petit tara portait les calebasses de maman Téné. » Mettez ce segment à la voix passive. (1,5 pt)

8-    Déclinez la fonction des mots et expressions soulignés de deux traits dans le texte. (2 pts)

9-    Faites l’analyse logique de la phrase suivante : « Le tara était mouillé, mais le maître de la maison n’y fit guère attention ; il était si soucieux… » (1,5 pt)

10-  Mettez la phrase suivante au présent simple : « Seuls, de temps en temps, bruissaient les feuillages du petit manguier, non loin du puits. » (1 pt)

 

*    Texte 4

D’un coup de pied, le père Benfa fit dégringoler la planche qui fermait le poulailler. Il alla jusqu’au bout de la cour, s’appuya un moment contre le goyavier sous lequel ruminait le mouton, caressa la tête, puis le dos de l’animal qui vint se mettre contre lui, bêlant et reniflant.

Le père Benfa était fier de son mouton. Les vieux du quartier l’admiraient ; il était bien nourri et propre. Il accompagnait souvent son maître dans la rue et ne le quittait pas d’un pouce. Le père Benfa le caressait jalousement et devenait furieux lorsque les enfants s’amusaient à faire tinter la clochette que le mouton portait au cou.

A plusieurs reprises, des marchands avaient offert de fortes sommes au père Benfa, mais il ne voulait à aucun prix se séparer de son mouton, car l’embonpoint de ce dernier témoignait de la bonne chère dont jouissait la famille.

Page 15.

 

QUESTIONS :

1-    Proposez pour ce texte deux titres différents. (1 pt)

2-    Montrez pourquoi ce mouton n’est pas un animal ordinaire. (1 pt)

3-    Que symbolise ce mouton pour le père Benfa ? (1 pt)

4-    Expliquez les mots et expressions mis en gras. (2 pts)

5-    Pour chaque  mot souligné en pointillés dans ce texte, trouvez deux homonymes et construisez avec vos trouvailles des phrases. (4 pts)

6-    Trouvez trois mots de la même famille que « enfants ». (3 pts)

7-    « Les vieux du quartier l’admiraient. » Mettez cette phrase à la voix passive. (2 pts)

8-    Nature et fonction des termes soulignés d’un trait dans le texte. (2 pts)

9-    Faites l’analyse logique de la deuxième phrase du texte. (4 pts)

 

 

 

 

 

*    Texte 5

Le père Benfa, égrenant patiemment son chapelet, dit une invocation à mi-voix, passa trois fois ses deux mains sur sa figure et se tourna vers l’Orient. Soudain, il fit un geste brusque, comme s’il administrait un soufflet à quelque impertinent. C’était encore le petit singe qui, s’étant sournoisement approché, lui avait arraché son chapelet.

Boubouny, le petit singe, avait été abandonné par les siens lors d’une incursion que son peuple effectua dans les champs d’arachide. Depuis, il avait été recueilli par Karamoko, le dernier-né de la famille Benfa. Mais Boubouny, ainsi d’ailleurs que tous les siens, préférait de loin l’espièglerie à la sagesse. Aussi, s’attirait- il fréquemment les malédictions du vieillard.

Page 17.

 

QUESTIONS :

1-    Donnez un titre au texte. (1 pt)

2-    Le singe est-il l’ami du père Benfa ? Justifiez votre réponse. (2 pts)

3-    Trouvez les synonymes des mots soulignés. (2 pts)

4-    Donnez les antonymes des mots en gras. (2 pts)

5-    Décomposez le mot souligné de deux traits et trouvez-lui deux mots de la même famille. (2 pts)

6-    Quelle est la fonction des mots soulignés en pointillés. (2 pts)

7-    « Boubouny, le petit singe, avait été abandonné par les siens ». A quelle voix est cette phrase ? Mettez-la à la voix contraire. (2 pts)

8-    Faites l’analyse logique de la première phrase du texte. (3 pts)

9-    A quel temps est utilisé le verbe conjugué dans la dernière phrase du texte ? Mettez cette phrase aux autres temps simples de l’indicatif. (4 pts)

 

 

 

 

 

 

*    Texte 6

Maman Téné ouvrit de grands yeux, son front se couvrit de sueur, elle trembla. A peine Tiékoura eut-il prononcé ces derniers mots que la case se remplit de fumée en même temps que de nombreux gémissements s’élevaient ; de longues minutes s’écoulèrent ainsi ; maman Téné, isolée, ne voyait ni Tiékoura, ni les fétiches, ni rien.

Enfin les tam-tams ralentirent, devinrent faibles, lointains et s’éteignirent finalement dans les ténèbres d’où ils étaient nés. La fumée se dissipa peu à peu et Tiékoura, assis en face de maman Téné reparut, mâchant sa salive. Trois fois il toussota et trois fois maman Téné sursauta. Une impatience mêlée d’angoisse serrait la femme de Benfa à la gorge. Mais elle se contenait. Enfin, Tiékoura se décida à parler…

Maman Téné sortit, satisfaite et tranquille sur le sort de Kany et la paix de la famille. Le lendemain matin, elle apporta à Tiékoura deux calebasses de lait, une poignée de colas et un coq rouge. Ensuite, à l’heure où le soleil est au zénith, elle se rendit derrière la ville et là, s’arrêtant à la septième clairière, elle offrit au premier passant qu’elle aperçut douze bandes de coton et une poignée de colas.

Pages 48-49.

 

 

 

 

 

 

QUESTIONS :

1-    Proposez un titre pour un titre pour ce texte. (2 pts)

2-    Qu’est-ce qui montre que Maman Téné a peur ? (1 pt)

3-    En quoi consiste l’offrande de Maman Téné ? (1 pt)

4-     Trouvez les antonymes des mots mis en gras. (2 pts)

5-    Donnez les synonymes des mots soulignés en pointillés. (2 pts)

6-    Pour chaque mot souligné de deux traits, cherchez deux mots de la même famille et utilisez chaque trouvaille dans une phrase de votre construction. (2 pts)

7-    Fonction des groupes nominaux soulignés d’un trait fort. (4 pts)

8-    « Enfin les tam-tams ralentirent, devinrent faibles, lointains et s’éteignirent finalement dans les ténèbres d’où ils étaient nés. »

A quel temps sont conjugués les verbes de cette phrase ? (1 pt)

Reprenez la phrase en mettant les verbes de la principale au présent simple. (1 pt)

9-    Faites l’analyse logique des deux phrases suivantes :

-         « Enfin les tam-tams ralentirent, devinrent faibles, lointains et s’éteignirent finalement dans les ténèbres d’où ils étaient nés. » ; (2 pts)

-         « Ensuite, à l’heure où le soleil est au zénith, elle se rendit derrière la ville et là, s’arrêtant à la septième clairière, elle offrit au premier passant qu’elle aperçut douze bandes de coton et une poignée de colas. » (2 pts)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

*    Texte 7

Le crépuscule s’étendait peu à peu. Le soleil n’était plus qu’une immense boule de feu qui cherchait à mourir là-bas dans les profondeurs du fleuve. Les rues du quartier indigène s’animaient. C’était l’heure où s’organisent les marchés du soir. Les jeunes filles passaient, nonchalantes, des paniers d’oranges ou de bananes sur la tête. Dans le brouhaha de la foule, on distinguait de temps en temps les cris des marchandes […]

Certaines vendeuses étaient déjà installées devant de grandes cuvettes que survolaient les abeilles. C’étaient des marchandes de jus de citron ou de crème au miel. D’un peu partout affluaient les marchands. Quelques cyclistes se faufilaient parmi la foule et faisaient crier leurs avertisseurs. Des petits groupes se formaient par-ci, par-là et l’on discutait, et l’on riait aux éclats et l’on se tapait dans les mains. Quelques hommes, debout derrière de grandes tables, étalaient leur pacotille : canifs, serrures, cuvettes, etc. Les marchandes de poisson déballaient leurs corbeilles et en déversaient le contenu sur des nattes.

Pages 63-64.

 

QUESTIONS :

1-    Donnez un titre au texte et justifiez-le. (1 pt)

2-    Que signifie un marché du soir ? (1 pt)

3-    Utilisez le mot « feu » souligné avec deux traits dans trois phrases avec à chaque fois un sens différent de celui de la phrase contenue dans le texte. (3 pts)

4-    Expliquez les mots et expressions en gras dans le texte. (2 pts)

5-    Pour chaque mot souligné en pointillés, trouvez un antonyme et deux mots de la même famille. (3 pts)

6-    Nature et fonction des mots et expressions soulignés d’un trait noir. (2 pts)

7-    Mettez la phrase suivante à la voix passive. (3 pts)

8-    A quel temps simple est le verbe conjugué dans la première phrase du texte ? Reconstruisez la phrase en conjuguant ledit verbe aux autres temps simples de l’indicatif. (3 pts)

9-    Analysez la phrase suivante : « Des petits groupes se formaient par-ci, par-là et l’on discutait, et l’on riait aux éclats et l’on se tapait dans les mains. » (2 pts)

 

*                Texte 8

Deux autres vieux rejoignirent le père Djigui ; tous deux portaient le bonnet rouge des chasseurs et tenaient à la main, insigne de leur dignité, une queue de buffle ornée de cauris.

Le frère du père Benfa posa le pied droit sur les ailes du coq et tira son couteau. Il y eut une minute de silence ; solennels, les compagnons du père Djigui se tenaient à ses côtés et fixaient le coq d’un regard profond et songeur.

Après quelques mots qu’ils échangèrent à voix basse, les trois hommes s’accroupirent ; le vieux égorgea le coq, puis le lança le plus loin possible. La bête se débattit. Le vieux chasseur mâcha une noix de cola rouge et cracha sur les traces de sang. Birama et Kany, du seuil de leur case suivaient, stupéfaits, les gestes de leur oncle. Ils se sentirent envahis par une sorte de peur à laquelle se mêlait un sentiment religieux.

Le père Djigui, à quelques heures de la veillée annuelle des chasseurs, venait de saluer les anciens. Il venait de leur offrir le coq rouge traditionnel accompagné des mots rituels …

Pages 121-122.

QUESTIONS :

1-    Donnez un titre à ce texte. (1 pt)

2-    Pourquoi Kany et Birama ont-ils peur ? (1 pt)

3-    Trouvez les synonymes des mots soulignés en pointillés. (2 pts)

4-    Quel est le radical du mot souligné de deux traits ? Donnez deux homonymes de ce radical. (2 pts)

5-    Pour chaque mot écrit en gras, donnez son homonyme et utilisez ce dernier dans une phrase de votre construction. (3 pts)

6-    Quel est le féminin des mots soulignés d’un seul trait fin ? (1 pt)

7-    Nature et fonction des termes soulignés d’un seul trait épais. (2 pts)

8-    Soit le segment de phrase suivant : « Ils se sentirent envahis par une sorte de peur. » Quelle est la fonction de « par une sorte de peur » ? A quelle voix est ce segment ? Mettez-le à la voix contraire. (2 pts)

9-    Soit le segment de phrase suivant : « Deux autres vieux rejoignirent le père Djigui. » Déclinez l’infinitif et le temps du verbe conjugué. Reconstruisez ce segment en mettant le verbe aux autres temps simples de l’indicatif.  (4 pts)

10-                      Analyse logique de la troisième phrase du texte. (2 pts)



[1] - SLO est le sigle de Sous l’orage.

[2] - Dans tous les sujets suivants, le ou les mot(s) qui renvoie(nt) à la consigne (l’injonction ou l’ordre) est (ou sont) mis entre guillemets.

[3] - Vente publique d’une marchandise à l’acheteur qui offre ou donne le plus.

[4] - Le radical de ce verbe est le nom serf, lequel est le synonyme du nom esclave.

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